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Konstantin Krimmel dans un agréable récital péri-mozartien

Zauberoper, tel est le nom de ce deuxième disque réalisé par et pour l'excellent baryton . Il présente une recherche assez intéressante sur le répertoire lyrique du XVIIIᵉ siècle finissant, pour un public qui prisait fort le magique et le merveilleux.

Bien sûr, la Zauberflöte de Mozart est au centre de ce récital, avec un air de Papageno. Mais on découvre des extraits d'autres singspiels écrit par Schikaneder avec d'autres d'autres frères de loge, comme La pierre philosophale (œuvre multi-auteurs dont Mozart lui-même), Obéron roi des elfes de Wranitzky, et même une suite à la Zauberflöte due à Von Winter. C'est intéressant de pouvoir repositionner la « flûte enchantée », qui est la moelle de nos os (Herrmann Hesse disait « ce que j'ai de plus cher au monde ») dans cette mode passagère et populaire du singspiel merveilleux, et dans une série de compositions où on tentait davantage de distraire et faire rêver le public que de l'initier, ou même de lui proposer de la grande qualité. , dans sa courte et intéressante présentation, rappelle à juste titre que les livrets de Schikaneder ne sont pas vraiment de la plus haute tenue, et ont été critiqués pour cela à leur création. La grotta di Trofonio de Salieri s'inscrit également dans cette mouvance de l'opéra magique, mais offre un pont en direction de Cosi, avec une histoire de grotte qui change les caractères des hommes et des femmes, et défait les couples pour mieux les raccommoder. Quant à l'Orlando paladino de Haydn, avec la magicienne Alcina, il s'inscrit parfaitement dans ce programme, même s'il n'est plus une vraie découverte pour les mélomanes. Au-delà de leur unité thématique, ces airs et ouvertures rassemblés présentent également une unité de style, d'esprit, et de vitalité bon enfant. Les airs « Nadir, du siegst » et « Nun adieu, ich reis… » semblent sortir du même moule que le célébrissime « Der Vogelfänger bin ich ja », et dégagent un charme similaire de naïveté et de jovialité.

Artisan de ce récital, s'est fait en Allemagne une spécialité du répertoire baroque du XVIIIe. Avec son ensemble , il fréquente assidument Bach, Haendel, Haydn, Mozart, et son accointance avec ce répertoire se perçoit dès les premières mesures. Légère et finement nerveuse, sa direction flatte les lignes et les couleurs de son ensemble parfaitement virtuose et d'une grande exactitude. Les airs sont pétulants, les personnages bien vivants, et chacun d'eux donne envie d'entendre la suite de l'opéra dont ils sont extraits. confirme les grands talents qu'il avait donné à entendre dans son récital strasbourgeois et son premier disque « Saga », chez Alpha. La voix est bien celle d'un baryton mozartien et d'un Liedersänger, sans doute pas excessivement volumineuse, mais souple, belle, au timbre profond et chaleureux, plein de charme. Le legato est splendide, le phrasé de même, et ses caractérisations d'un goût parfait, ce qui n'est pas toujours simple dans des personnages bouffes. Intéressant, cohérent et superbement interprété, voilà un récital qui devrait emporter tous les suffrages.

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