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Une Petite Boutique horriblement drôle à l’Opéra Comique

Après avoir fait les joies de la scène de Broadway et l'objet de deux adaptations en films, La Petite Boutique des horreurs prend ses quartiers à l'Opéra Comique. 


Dans un ghetto tellement oublié de tous qu'il n'a pas de nom, le fleuriste Monsieur Mushnik tente désespérément de faire tourner son commerce avec l'aide de ses deux employés, Audrey et Seymour. Il menace de fermer boutique jusqu'au jour où Seymour rapporte une étrange plante qui attire le regard des passants. Grâce à cette plante, baptisée Audrey II, les clients reviennent en nombre et c'est le début de la célébrité pour Seymour. Sauf que cette plante a besoin de sang pour se nourrir… Pour son spectacle familial de Noël, l'Opéra Comique a fait preuve d'originalité en programmant cette comédie musicale d' et .

L'unique décor représentant le magasin de fleurs qui s'ouvre sur un extérieur misérable suffit à tout le spectacle. Seulement, quelques jeux de lumières et des bouquets de fleurs fraîches permettent de marquer le passage de la misère à une certaine opulence. La véritable star de ce décor est bien entendu la plante carnivore Audrey II qui grandit au fur et à mesure qu'elle se nourrit de ses victimes. La mise en scène de et ne connaît aucun temps mort et fait ressortir l'ironie et l'humour noir du livret. Pour s'adapter aux dimensions de l'Opéra Comique, une nouvelle orchestration a été confiée à , qui mêle habilement le « band » original à des cuivres et cordes. Les musiciens de l'ensemble et leur chef, , ne cachent pas leur plaisir à interpréter la partition d'. La musique, sans receler d'airs célèbres ni chercher à révolutionner l'écriture orchestrale, mêle rock, jazz, gospel, country, doo-wop, rythm and blues et classique : c'est diablement vivant et efficace, surtout si l'on ajoute la pointe d'auto-dérision que chaque interprète apporte à son personnage.

Le casting vocal mêle chanteurs issus de divers univers univers musicaux. campe un Seymour timide et maladroit qui prend de plus en plus d'assurance au fur et à mesure qu'il nourrit la plante de ses victimes humaines. Son timbre clair, sa voix bien articulée et son amplitude vocale en font un Seymour aux multiples facettes. À ses côtés, est une Audrey aussi touchante que godiche. La voix est ample avec de belles nuances et des aigus bien placés. Elle aurait presque mérité de ne pas être amplifiée. M. Mushnik est incarné par qui apporte une dose d'humanité à son personnage un peu terne. est un Orin Scrivello tellement odieux qu'il en devient drôle. Il interprète aussi de façon très amusante de multiples personnages secondaires. La qualité du chant pâtit parfois un peu de la comédie mais le spectateur est emporté par son jeu d'acteur quel que soit le personnage incarné. Un trio de jeunes filles aussi désœuvrées que délurées (formidables , et Anissa Brahmi) vient ponctuer et commenter l'action tel un chœur antique façon gospel. Enfin, la Petite Boutique des horreurs ne saurait exister sans celle qui a fait sa célébrité, Audrey II la plante carnivore et… parlante. prête sa belle voix grave de chanteur de blues au végétal, le rendant de plus en plus affamé et féroce au fur et à mesure du spectacle.

Ajoutez à ce casting quelques danseurs aux chorégraphies inspirées des danses juives traditionnelles ou dansant dans des appareils électroménagers et vous avez la recette pour passer un moment de vrai bon divertissement, de ceux qui vous font oublier le quotidien et vous donnent le sourire aux lèvres pendant plusieurs heures. Alors, si vous cherchez un spectacle de Noël où emmener votre ado sans qu'il vous demande toutes les trois minutes s'il peut rallumer son portable, foncez à la Petite Boutique des Horreurs !

Crédits photographiques : © S. Brion

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