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Iván Fischer dans Bruckner : l’âge ne fait rien à l’affaire

Bien qu'ayant attendu l'âge de la maturité pour aborder la mythique Symphonie n° 9 d', , à la tête de son , déçoit par la fadeur de son interprétation.

aura attendu sa 70e année (âge du compositeur au moment de la composition) pour affronter la prodigieuse Symphonie n° 9 d' : ultime étape symphonique du compositeur de Saint Florian, monumentale, inachevée, testamentaire et récapitulative, élevée à la gloire de Dieu, qui suppose maturité et spiritualité pour ne s'offrir qu'aux plus grands chefs capables d'assumer la profondeur d'un propos résumé à trois mouvements « comme Dieu l'a voulu » …

Après une Symphonie n° 7 (2014) saluée par la critique, remet une nouvelle fois Bruckner sur le métier avec cette Symphonie n° 9 dont l'interprétation, avouons-le, n'apporte pas grand-chose à une discographie pléthorique comportant déjà de nombreuses références, dominée par Jochum, Wand, sans oublier Abbado à Lucerne, Giulini à Chicago, Haitink à Amsterdam, Karajan à Vienne, Blomstedt à Leipzig, Rattle à Berlin, Thielemann à Dresde et Celibidache à Munich …

Feierlich, Misterioso (solennel et mystérieux) le premier mouvement parait d'emblée quelque peu disparate par son manque de tension comme par son incapacité à fédérer au sein d'un discours cohérent et continu des épisodes d'un lyrisme, ici presque insouciant dépourvu de ferveur, et une solennité un peu confuse et opaque masquant les contrechants où Iván Fischer confond volontiers gravité et grandiloquence (cuivres), échouant à nous conduire dans une progression inexorable et haletante au bord de l'abîme, devant les portes de l'Au-delà.

Continuant dans la même veine, le Scherzo ne convainc pas plus. Là encore, à trop vouloir alléger le discours, Bruckner y perd son âme et la tourbillonnante, grinçante et menaçante ronde des damnés devient sous la baguette d'Iván Fischer une balade débonnaire plus grimaçante que cauchemardesque qui manque singulièrement de puissance, de tension et de netteté dans les attaques de cordes dont on ne retiendra, en définitif, qu'un joli trio aux allures pastorales.

L'Adagio, sehr langsam, feierlich, l'un des plus rapides de la discographie (23 minutes) laisse dans cette course échevelée beaucoup de sa ferveur, de sa profondeur d'intonation et pour tout dire de son intérêt. l'Abschied vom Leben parait ici bien pâle tant Iván Fischer semble s'en tenir à une belle solennité purement formelle, sans véritable verticalité dans le discours : point d'attente enfiévrée ou douloureuse, point de silences habités, point d'épouvante paroxystique, mais une immanence de bon aloi, sage et apaisée, frôlant le contresens par son manque d'envergure et d'implication.

Bref, Bruckner méritait assurément mieux que cela !

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