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Double récital entre lauréats du Concours Chopin au TCE

Un concert d'exception réunissait au Théâtre des Champs-Elysées le vainqueur 2021 du Concours Chopin de Varsovie, , et son ancien professeur , lui-même lauréat en 1980.

Dans ce programme en deux parties, débute par quelques pièces de Rameau parmi les plus fameuses. Un Rameau très raffiné, un peu sophistiqué, presque maniéré, chargé d'ornements et quelques fois d'intentions, comme dans Les Tendres plaintes. On attendait également plus de légèreté dans La Poule et la Gavotte et ses doubles. Dans ce répertoire qui, pourtant, le passionne manifestement, le brio incontestable du jeune Canadien ne convainc qu'à moitié.

En fait, la véritable patrie de , qui a des racines sur trois continents, c'est Chopin. Il fait ainsi redécouvrir sa troisième Ballade, peut-être la moins jouée, en l'éclairant comme on donne vie à un poème, insufflant à son jeu une émotion toujours grandissante qui culmine dans la coda. La maîtrise n'exclut pas la fantaisie et c'est tout l'art du Scherzo n°4 interprété par Bruce Liu avec des qualités d'expressivité, jusqu'à l'humour, déjà remarquées lors de son premier concert sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées en 2022 .

Retour à la musique française avec la réplique de , qui propose un Fauré de très haute tenue, que ce soit dans les clairs-obscurs du Nocturne n°1 ou le balancement chaloupé de la Barcarolle (op. 26).

Dans sa partie Chopin, le maître vietnamien déploie un jeu virtuose et intimiste à la fois, taillé pour ce répertoire, faisant naître des atmosphères uniques pour chaque pièce, même les miniatures (Ecossaises, Tarentelle), sans que l'aspect brillant l'emporte jamais sur l'intériorité (Mazurkas, Valses). Dans la Polonaise « héroïque » finale, revisite une pièce à la densité exceptionnelle, avec un souffle narratif donnant à ce morceau de bravoure une dimension quasi-cinématographique. Sous ses doigts, l'ensemble de ces œuvres prennent un caractère non seulement dansant – toutes sont formellement des danses – mais encore plus chantant. Et c'est en effet le chant du piano qui est ce soir-là célébré par les deux complices par-delà les générations.

Crédits photographiques : © Théâtre des Champs-Elysées

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