Aujourd'hui quelque peu oublié, Wolfgang Sawallisch fut un chef majeur du XXᵉ siècle dans le répertoire germanique. Technicien d'orchestre hors pair, cette nouvelle parution tirée des archives de l'orchestre de l'opéra d'Etat de Bavière surpasse encore la gravure de studio à Leipzig (Philips), et nous offre de surcroit la splendide incarnation de Dietrich Fischer-Dieskau en prophète inspiré.
Wolfgang Sawallisch (1923-2013) a été l'un des serviteurs majeurs de l'œuvre chorale de Mendelssohn, par sa gravure de la Symphonie n° 2 « Lobgesang » comme par son enregistrement d'Elias à Leipzig avec Theo Adam (Philips).
Ce qui fait le prix de cette nouvelle parution reflet d'un concert de 1984 par rapport à l'album Philips, c'est la distribution avec au premier plan l'incarnation saisissante de Dietrich Fischer-Dieskau en Elias, tout de noblesse et d'émotion visionnaire. Mais même si son rôle est écrasant dans l'oratorio, il n'est pas seul et les anges de Brigitte Fassbaender et Marianne Seibel nous étreignent tout autant. Du reste d'une distribution de haut vol on retient le ténor clair de Peter Schreier, la basse très noble de Kurt Moll, la veuve lumineuse de Margaret Price, tous plus stylés les uns que les autres. L'orchestre d'Etat de Bavière dont Wolfgang Sawallisch a été le titulaire et le chœur de Düsseldorf répondent comme un seul homme à la baguette de l'immense chef qui fut un technicien d'orchestre hors pair au répertoire gigantesque, aujourd'hui injustement oublié.
Préférable à la gravure plus tardive éditée chez Hänssler avec un Michael Volle assez terne (Elias, histoire sacrée de Mendelssohn par Wolfgang Sawallisch), cette réédition de grande classe servie par des conditions techniques d'enregistrement irréprochables offre le mérite de nous rappeler les qualités de finesse et de musicalité comme chef d'orchestre et de chœur de Sawallisch dont de nombreuses bandes dorment certainement encore dans les archives des radios germaniques.
C'est en toute logique la version allemande de l'œuvre qui est donnée ici, de préférence à la version anglaise de la création. Malgré l'absence du français dans le texte d'accompagnement et le livret de l'oratorio, la réédition est passionnante.