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Opulence vocale avec Marina Rebeka

Dans un disque très « grand style », ravit par la somptuosité de ses moyens et l'élégance de ses interprétations.

Depuis bientôt une quinzaine d'années qu'elle s'est imposée sur les grandes scènes internationales, s'est surtout fait un nom dans les grands rôles de bel canto dont elle est une des meilleures spécialistes aujourd'hui : Norma, Anna Bolena, Médée, Violetta, Mathilde, Giulia font partie des grands rôles où elle est désormais indispensable. Ses incursions dans le répertoire français ont également révélé une extraordinaire Thaïs.

Le programme que nous livre ici, grâce au label discographique qu'elle a elle-même créé, est de la plus grande cohérence. Entièrement consacré au vérisme italien, il s'autorise avec Tchaïkovski et Dvořák deux incursions dans le répertoire slave de la même époque. Les esprits chagrins pourront s'offusquer – mais d'autres s'en réjouiront – de ne trouver que des tubes du répertoire. Puccini, dont nous fêterons en 2024 le centenaire de la mort, se taille la part du lion. Des rôles figurant ici, Rebeka a déjà chanté à la scène Musetta, Mimi et Cio-Cio-San. Cela s'entend ! De toute évidence, à en croire l'intensité de « Vissi d'arte », la cantatrice lettone est désormais prête pour Tosca, rôle qu'elle a déjà refusé maintes fois. Le songe de Doretta dans La rondine révèle des moyens qui semblent infinis. Les airs retenus pour ce programme attestent la science belcantiste de Marina Rebeka, parfaitement à l'aise dans les vocalises de la Marguerite de Boito, ou les trilles de la Nedda de Leoncavallo. Cela fait du bien ! On pourra également chavirer devant la messa di voce d'Adriana Lecouvreur, qui n'est pas sans rappeler celui de , décédée en 2023. Aucune faute de goût dans ces airs autrefois chantés par les hurleuses des années 30 et 40, les phrasés nobles et élégants des airs de La Wally et d'Andrea Chénier évoquant également le grand style d'une . Les deux pages extraites du répertoire slave, l'Hymne à la lune de Rusalka et l'air de Lisa de La Dame de Pique, bénéficient de la même science vocale, la deuxième faisant également entendre une urgence dramatique qui, il faut bien le dire, n'est pas toujours présente dans les airs italiens pour lesquels la beauté du son prime parfois sur la vérité de l'incarnation.

C'est également en belcantiste que Mario Boemi dirige l'Orchestre de l'Opéra de Wroclaw, faisant la part belle aux beautés sonores d'une instrumentation qu'on a peut-être trop l'habitude de juger pour son rôle dramatique que pour la beauté de ses couleurs.

Un disque sans grande originalité en termes de programme, peut-être, mais qui fera taire tous ceux qui prétendent qu'on ne sait plus chanter, ou qu'il n'y a plus de grandes voix aujourd'hui.

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