- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Hommage à Mauricio Kagel par l’ensemble Écoute et la Compagnie Ficta

Le projet Kagel 18.IX.2008 réunit sept compositeurs de sept pays différents autour de l', dirigé par Fernando Palomeque, et de la pour une œuvre collective rendant hommage au compositeur Maurico Kagel.


Chantre du théâtre musical, a composé … den 24. xii. 1931 à partir d'articles de presse parus le jour de sa naissance. Pour ce spectacle, l' a commandé à , , , , , et , un ensemble de pièces devant s'insérer entre les mouvements de l'oeuvre de . Les compositeurs devaient alors respecter le cahier des charges suivant : les articles de presse mis en musique seront datés du 18 septembre 2008, jour de la mort de . L'effectif devra être identique à celui de Kagel, le style du compositeur sera respecté et la pièce s'insérera dans l'ambiance des mouvements qui l'entourent. Par la spécificité du projet, il n'est pas aisé de découvrir le style et la personnalité de chacun des compositeurs, les pièces étant très courtes et les contraintes stylistiques imposées. Mais on ne peut que saluer l'aisance avec laquelle chacun des compositeurs s'est approprié le style musical de Mauricio Kagel donnant ainsi une parfaite unité et cohérence à ce projet. L'interprétation des musiciens de l' contribue également grandement à la qualité artistique de concert. 

Chaque pièce nouvellement composée est chantée dans la langue principale du compositeur par une soprano (excellente dont le timbre large aux aigus brillants et aux graves profonds et chaleureux lui font triompher de toutes les difficultés vocales de la partition), à la différence de … den 24. xii. 1931 de Kagel, composée pour baryton et chanté ici par qui s'empare pleinement de toute la dimension théâtrale et humoristique de l'œuvre.

Car oui, l'humour est présent tout au long de ce spectacle. Il est rare de voir le public rire à un concert de musique contemporaine et c'est le cas ce soir, créant ainsi une belle connivence entre la scène et les spectateurs. Cet humour est renforcé par l'usage bien dosé de la vidéo, en noir et blanc avec des incursions de jaune et de rouge, qui dialogue avec la scène et reprend parfois les codes visuels des films noirs de l'après-guerre, auquel répond également le costume de revêtu d'une longue gabardine.

La multiplicité des sujets traités par les articles, que ce soit par Kagel ou par les compositeurs actuels, leur caractère parfois dérisoire prêtent à rire mais rappellent aussi cruellement que le monde ne cesse pas de tourner à la disparition d'un proche ou d'une personnalité célèbre et reconnue. Ainsi le contraste est saisissant entre le dernier mouvement composé par Kagel décrivant le système électronique mis en place pour sonner les cloches dans l'église de la Nativité à Bethléem (Kagel est né la veille de Noël) et la dernière pièce (neben/einander de ). Ce dernier morceau met en effet en musique la nécrologie de Kagel parue dans le quotidien Die Welt et fait se conclure le concert par la phrase très juste du journaliste Elmar Krekeler : « Mauricio Kagel était en fait tout un réseau en une seule personne« .  L'humour fait alors place à l'émotion.

Crédits photographiques : © Ensemble Ecoute

(Visited 188 times, 1 visits today)