Le Musée du quai Branly – Jacques Chirac a invité le chorégraphe, Fouad Boussouf, danseur et directeur du Phare, CCN du Havre Normandie à programmer deux week-ends de spectacles, performances et ateliers qui célèbrent la virtuosité et la puissance des corps, dont un hommage à la diva égyptienne Oum Kalthoum.
Le temps de deux week-ends, le Musée du Quai Branly a confié les clés de ses espaces publics au chorégraphe Fouad Boussouf pour construire une programmation festive et joyeuse autour de deux de ses pièces : Fêu et Oüm. C'est la diva égyptienne Oum Kalthoum qui inspire ce dernier spectacle du Phare, le CCN du Havre Normandie, que dirige le chorégraphe. Icône populaire, surnommée « l'Astre de l'Orient », Oüm Kalthoum est en effet considérée comme la plus grande chanteuse du monde arabe.
Le plateau s'ouvre sur une première partie musicale et dessinée, où un joueur d'oud (le merveilleux Mohanad Aljaramani) accompagne le trait de l'illustratrice jeunesse et autrice de BD Chadia Loueslati à la palette graphique, dessinant les contour d'Oum Khalthoum. Celle justement à laquelle elle a consacré son dernier roman graphique : Oüm, naissance d'une diva (JC Lattès, 2023).
Le spectacle est accompagné du même musicien, également aux percussions et à la voix, qui revient sur scène accompagné d'un guitariste. La musique orientale est inspirée des grands classiques et des larges plages d'improvisation de la chanteuse égyptienne, illustrés par les corps contemporains des danseurs de Fouad Boussouf. Le spectacle rend aussi hommage à Omar Khayyam, un poète persan du onzième siècle qui célébrait l'ivresse, la transe et l'amour.
La puissance vocale de la diva, les recherches du poète mathématicien sur la notion de poids, d'équilibre et de temps, sont pour la danse des sources d'inspiration précieuses. On aime ces corps vibrants pour une chorégraphie qui conjugue énergie et sensualité, avec une très jolie citation de danse orientale. Dans cette explosion musicale, les six interprètes de Oüm offrent cependant davantage qu'une lecture littérale de la musique. Les boucles des cheveux s'animent au son caractéristique de la musique égyptienne, chaleureuse et profonde. Les costumes masculins masquent mal la grande féminité de la danse.
C'est un beau moment de cohésion et de partage, dans une scénographie subtile, partagée par un rideau de fils aux couleurs pastel et la projection de motifs de moucharabieh sur le sol. On regrette seulement que la dramaturgie n'ait pas été plus lisible pour nous embarquer avec encore plus de générosité dans ce voyage.
Crédits photographiques : © Antoine Friboulet
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