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Lahav Shani et le Rotterdam Philharmonic Orchestra jouent Mendelssohn

Après Beethoven, Bruckner et Chostakovitch, et le consacrent ce nouvel opus discographique à Mendelssohn en associant la Symphonie n° 3 dite « Ecossaise », l'Ouverture « Mer calme et heureux voyage », complétées par une orchestration de trois Lieder sans paroles.

Si quelques esquisses de cette partition remontent à 1829 lors d'un voyage en Écosse, la Symphonie n° 3 ne fut composée dans son entièreté qu'en 1842, créée au Gewandhaus de Leipzig la même année sous la direction du compositeur. Elle comprend quatre mouvements imprégnés du parfum et des visions des Highlands, renforcés par nombre de motifs populaires dont nous donne une interprétation énergique et tumultueuse. S'il est de bon aloi de densifier l'orchestration mendelssohnienne, force est de reconnaitre qu'ici Shani force un peu le trait, n'échappant pas à une certaine lourdeur (appuis rythmiques très marqués, tempo assez lent et percussions tonitruantes…) Le premier mouvement emprunte tout à la fois à la personnalité altière de Marie Stuart par la solennité de l'Andante con moto (bois et cor) et aux paysages sombres et tourmentés écossais par le phrasé houleux et chaotique de l'Allegro poco agitato chargé d'urgence (cordes véhémentes, percussions, rafales et chromatismes) dans une évocation angoissante de l'agitation de la mer. Le deuxième mouvement Vivace est un scherzo très dansant et rythmique, sans doute le plus écossais des quatre mouvements, qui s'appuie sur un « pibroch » plein d'entrain joliment chanté par les bois (clarinette et cordes en staccato) dont on admire la dynamique soutenue et la mise en place sans faille. L'Adagio suivant, très lyrique et mélancolique laisse une large place aux cordes qui séduisent par leur legato et leur impact émotionnel, interrompu en son mitan par une sorte de marche funèbre angoissante scandée par des timbales inquiétantes. L'Allegro final conclut sur une péroraison énergique et lumineuse, empreinte de noblesse et de solennité, sollicitant l'ensemble du tutti (et tout particulièrement bois et cors).

Ouverture en deux tableaux (1828) sur deux poèmes de Goethe, évoquant une houleuse traversée maritime, déjà traitée avec brio (et chœur) par Beethoven (1815), Mer calme et heureux voyage, se réduit à un bel exercice d'orchestre qui manque un rien de caractérisation et d'impact émotionnel.

Les trois Lieder sans paroles superbement et richement orchestrés par achèvent ce bel enregistrement à défaut d'être une nouvelle référence sur une note romantique typiquement mendelssohnienne qui met une fois encore en avant la somptueuse plastique de la phalange batave.

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