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Backstage, un premier disque-récital pour Kévin Amiel

Dans la génération montante des chanteurs français, coche avec facilité la case « ténor lyrique », et en fait la démonstration dans un CD « carte de visite » un peu désordonné, mais très proprement travaillé et agréable à écouter.

Ce Toulousain de 36 ans s'est formé au Conservatoire de sa ville natale avant d'intégrer l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris, où il a fait ses débuts. Lauréat de plusieurs concours (Voix Nouvelles 2018, Vienne 2019, Opéra de Marseille, Marmande, Béziers…), il est rapidement distingué par l'ADAMI et l'AROP, et prend en charge des rôles de plus en plus importants, comme Alfredo, Nadir, Hoffmann, Lenski, etc… Ce premier récital n'est pas son premier disque (voir un remarqué Chant de la Terre avec Stéphane Degout), et se présente comme un sympathique fourre-tout, tout en restant bien dans les limites du répertoire typique du ténor lyrique, ni leggero, ni spinto, du moins pour le moment.

La voix est incontestablement belle, vaillante, et parfaitement homogène. La diction est transparente, ce qui est très agréable, en français comme en italien. Les contre-uts sont très beaux, et le diminuendo de Parmi veder le lagrime est parfaitement réussi. Les attaques sont également assez bien négociées, mieux en tout cas que dans certaines vidéos qu'on peut trouver du chanteur sur la toile, et le phrasé est excellent. Même si elles pourraient encore être travaillées, les caractérisations sont suffisantes : on sent le désespoir d'Edgardo, la contrariété puis la légèreté provocante du Duc dans Rigoletto, ou l'angoisse de Vincent. L'exaltation amoureuse de Roméo est bien rendue, et Werther, plus vaillant que souffrant, est crédible. Le ténor arrive à alléger sa voix dans Lakmé, et à donner un peu de drame dans Macbeth. L'air de Sou-Chong du Pays du Sourire s'insère mal dans le programme, mais ne gêne pas le plaisir de l'écoute. L'écrin orchestral tissé par et l'orchestre symphonique G. Rossini contribue à la qualité de ce récital.

Clairement, est fait pour triompher sur les scènes d'opéra. Cependant, pour la démonstration de la finesse et de la sensibilité, on l'attend encore dans le répertoire des mélodies françaises, qu'il affirme aimer beaucoup. Sa diction parfaite et ses nuances seront des points d'appui considérables à des couleurs vocales qui ne demandent qu'à mieux s'épanouir.

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