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Début d’intégrale de Fanny et Felix Mendelssohn par le RIAS Kammerchor

Le chef publie le premier jalon d'une intégrale de la musique sacrée de Fanny et où s'impose le RIAS Kammerchor de Berlin. 

On sait à quel point est l'héritier direct de Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Haendel, qu'il a largement contribué à redécouvrir en son temps. D'origine juive converti au protestantisme, a toujours été inspiré par le sens du sacré en musique. La musique religieuse constitue même une partie très importante de son œuvre, allant de multiples pièces brèves, cantates, psaumes, jusqu'aux grands oratorios (Paulus, Elias).

C'est ce versant essentiel, quoi que le moins joué du compositeur, associé aux pièces d'inspirations religieuses de sa sœur Fanny Hensel-Mendelssohn, que le chef d'orchestre britannique a choisi d'enregistrer en compagnie des forces du et de la Kammerakademie Potsdam.

Le premier volume de cette intégrale parue chez Harmonia Mundi s'intéresse à des œuvres peu connues. En tout premier lieu l'oratorio inachevé Christus de Felix Mendelssohn dont la composition a été interrompue par la mort tragique de la sœur tant aimée, Fanny. C'est sous forme de fragments que Christus nous est parvenu, œuvre ambitieuse devant logiquement clore une trilogie d'oratorios d'envergure haendélienne, avec Paulus et Elias. Il y a donc une certaine frustration devant ce bref oratorio d'à peine quinze minutes divisé en deux parties (« La naissance du Christ« , « La Passion du Christ« ), elles-mêmes segmentées en courtes séquences où alternent récitatifs et chœurs. Mais même sans développement, la musique de Christus qui nous est parvenue est superbe d'équilibre, de tendresse (dans la première partie), d'inquiétude (dans la seconde), dominée par une maîtrise absolue de l'écriture chorale. Comme tout au long du disque, le RIAS Kammerchor de Berlin est un modèle d'homogénéité et d'équilibre. Grâce à l'effectif allégé de la Kammerakademie Potsdam, Justin Taylor offre ainsi un magnifique « oratorio de chambre ».

La petite cantate Lobgesang de qui succède apparaît comme un joli contrepoint à la gravité du Christus. Composée en 1831 à l'occasion du premier anniversaire du fils de Fanny, cette oeuvre est le touchant hommage d'une mère à son enfant. Le texte des Psaumes et des Evangiles sert de métaphore pour parler de l'accouchement, de la douleur muée en joie. L'œuvre est sereine, paisible, ouvertement inspirée par Johann Sebastian Bach.

Le Psaume 42, cantate « Wie der Hirsch schreit nach frischem Wasser » (« Comme languit le cerf près de l'eau vive ») de Felix Mendelssohn, qui clôture le disque, est d'une toute autre envergure. Le texte lié à l'errance des Hébreux dans le désert, inspire au compositeur romantique une vaste fresque où se mêlent aussi bien les sentiments de désolation que d'espérance, à l'image d'un choeur d'ouverture d'une somptueuse luminosité. Là encore, Mendelssohn s'intéresse moins aux solistes (une aria de soprano sans grande envergure, quelques récitatifs) qu'à la masse des choeurs qui incarne le peuple. Les passages choraux sont une pure splendeur et le RIAS Kammerchor, en majesté, impose à nouveau la précision et la perfection de ses timbres.

L'austérité luthérienne n'est qu'un leurre. Cette musique respire la vie et la lumière.

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