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Macbeth au chocolat

Retour à l'Opéra-Bastille de la production de Macbeth présentée en février 1999, dont on retrouve les plaquettes de chocolat noir qui servent de cadre à l'action, à laquelle elles font un écrin un brin kitsch.

Quoique assurément l'œuvre majeure de la première période de Verdi, que l'univers de Shakespeare inspira dès la première tentative, la réussite d'une production de Macbeth repose entièrement sur les épaules des deux protagonistes principaux, qui doivent allier vaillance et subtilité, et sur celles d'un chef d'orchestre stylé ainsi que d'un metteur en scène inventif. La mise en scène de Phyllida Lloyd ne passe décidément pas, se faisant particulièrement redondante, souvent emphatique, la scénographie inutilement clinquante. L'idée de l'enfermement mental du couple, placé au centre d'un cube constitué de carrés de chocolat bien éclairé il est vrai par Hugh Vanstone qui s'ouvre pour laisser passer des arrière-plans surchargés d'images illustrant inutilement le propos, traduit l'enfer psychologique dans lequel sombrent inéluctablement Macbeth et sa femme alors que les meurtres s'accumulent. Mais, la cage dorée, envahissante, le jeu outré des protagonistes qui traduit une carence totale de direction d'acteur et la volonté du metteur en scène d'illustrer le moindre dérèglement psychique et les hallucinations du couple Macbeth que la musique décrit déjà amplement font inutilement redondance. Musicalement, en revanche, la réussite est incontestable. Si l'on regrette la présence de , géant aux pieds d'argile fantoche torturé d'une femme sanguinaire qui nous avait séduits voilà trois ans, , qui apparaît plus effacé et indolent, s'anime peu à peu pour développer un chant d'une belle plastique. Doborah Voigt jouit d'une puissance vocale impressionnante, à la démesure du plateau de Bastille, mais elle tend à crier et à écraser ses partenaires, alors que son jeu est terriblement daté. Le Macduff de impose son chant doublé d'une présence scénique naturelle. Sous la direction de , plus concentrée et nuancée que celle de Gary Bertini, l'orchestre de l'Opéra de Paris se montre fluide, ses sonorités charnues, gommant opportunément les aspérités brutales caractéristiques de l'écriture du premier Verdi.

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