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Pour la Susanna presque absolue de Patrizia Ciofi

Nous ne pouvons que nous réjouir de la parution d'une nouvelle version DVD de la folle journée mozartienne, surtout lorsque celle-ci immortalise la Susanna presque absolue de , d'un naturel de chant et de jeu absolument confondant.

Mais le regret nous vient aussitôt de ne pouvoir la retrouver dans la production elle aussi exemplaire de Strehler aux côtés d'une et d'un qui s'élevaient à pareille hauteur. Car ici, l'environnement se révèle bien moins enthousiasmant, si l'on excepte le gracieux et piquant Cherubino de , au timbre fruité. Son délicat « Voi che sapete » est l'un des plus heureux moments de cette captation. possède la beauté noble et mélancolique qui sied à la Comtesse mais, en dépit de louables intentions musicales et d'un réel pouvoir d'émotion, atteint trop rapidement les limites de son léger format vocal, au grave sourd et à l'aigu déstabilisé : les beaux accents blessés de « Porgi amor » précèdent un « Dove sono » abordé sur le fil de la voix et conclu sur le fil du rasoir. s'égare dans une composition de traître de vaudeville hors de propos, et son chant reste sommaire et plébéien ; celui de est davantage recevable, quoique parfois en mal de projection, mais le personnage n'existe pas : un Figaro en charentaises, qui pourrait davantage être l'oncle de Susanna que son promis. Les seconds rôles se livrent à une surenchère de trivialité, la palme en la matière revenant au détestable Basilio de .

La production de que nous avons heureusement connu moins paresseux ne parvient jamais à échapper à la convention, mais au moins nous dispense des incongruités qui vont prochainement souiller le palais Garnier. On croirait parfois assister à une captation des années 60, avec décors, costumes et direction d'acteurs tous légèrement trop chargés, et la pétillance de l'œuvre a tendance à se dissoudre dans un cadre trop large. Le spectacle va à son terme, sans attenter à l'œuvre mais sans jamais lui offrir un éclairage nouveau.

ne se trouve probablement pas dans son répertoire d'élection dans Mozart, mais il nous offre une direction alerte et équilibrée, parvenant à conférer à la représentation une unité dont le metteur en scène ne s'est guère préoccupé. Voici une lecture probe, sans subtilité véritable, mais somme toute assez efficace. La captation, très classique, ne cherche pas à sauver la mise en scène, et tend plutôt à en souligner les facilités, le jeu des gros plans soulignant surtout la beauté aristocratique d'Eteri Gvazava et l'espièglerie de .

Un DVD qui comblera avant tout les admirateurs de , et nous sommes nombreux à l'être …

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