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Cavalleria Rusticana par Callas et Di Stefano

Les circonstances de composition de Cavalleria Rusticana sont assez singulières : en effet, l'opéra qui permit à d'imposer publiquement ses talents compositionnel et dramaturgique est le fruit d'un concours ouvert par le Giornale illustrato.

La récompense est alléchante : l'éditeur Sonzogno publiera le lauréat. Seule contrainte du concours : l'œuvre ne doit comporter qu'un acte. Initialement, Mascagni pensait envoyer le premier acte de son Ratcliff, mais au regard de la contrainte imposée, l'intrigue était inachevée, donc inadaptée aux critères. Il fait alors appel à son ami Targioni-Tozzetti pour la rédaction d'un nouveau livret, ce dernier refuse, n'ayant jamais travaillé sur un livret d'opéra ; puis, finit par lui proposer La Cavalleria rusticana, œuvre extraite du recueil Vie des champs de , précurseur du mouvement vériste (Cavalleria Rusticana en 1880 et I Malavoglia en 1881), s'appliquant à peindre la réalité des classes rurales et la forte identité qui règne dans les régions. Ce sera la femme du compositeur, venant à bout des incertitudes de ce dernier, qui fit parvenir la partition juste avant l'échéance. La création du drame paysan, le 17 mai 1890, connut un effet fulgurant.

L'enregistrement de 1953 du Théâtre de la Scala proposé par Naxos n'est en rien parfait, mais ceux qui ne s'en tiennent pas à la justesse parfois approximative de l'orchestre jugeront la version admirable. Dès les premières mesures du prélude, l' mené par Serafin révèle qu'il a parfaitement compris la quête de Mascagni. Appliquant à merveille les mille nuances de la partition et ses subtiles mosaïques de thème, évocation et transposition de l'univers sicilien… Celui-là assure la continuité du discours, l'atmosphère du drame, sans ajouter d'excès. Turiddu () à l'instar de l'orchestre est d'emblé déroutant, d'un lyrisme poignant, tragique et ne tombe jamais dans le piège de la mièvrerie. Est-il utile de mentionner une fois de plus le talent de qui excelle dans ce répertoire, dans le duo avec Alfio « Turriddu mi tolse, mi tolse l'onore » il semble qu'elle fait sienne la détresse de Santuzza, blessée, maudite, désespérée et rejetée. La colère d'Alfio () ne fait que confirmer la distribution admirable d'une œuvre qui a marqué un Leoncavallo, Giordano et autre Puccini. Il semble, à l'écoute de cette réédition, que tous ont compris l'importance des caractéristiques du drame, plus dramatiques que musicales, au profit d'une peinture plus juste des milieux. En témoigne le quasi-parlando largement utilisé pas Mascagni ainsi que la disparition des grands airs isolés. Ici, les chanteurs s'approprient aisément ce chant plus syllabique et exempt de fioritures et proposent ainsi une version admirable de ce drame évoquant les passions les plus profondes.

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