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Concert Boulez avec Jessye Norman & Peter Fried

Quand les monstres sacrés rencontrent les monstres sacrés… Pour Daphnis et Chloé de Maurice Ravel et le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartok, l' ne s'offre rien de moins que trois concerts au Théâtre du Châtelet, avec , et  !

Une venue de à Paris est toujours un évènement. Après un remarquable concert avec l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, le grand Maître revient dans la capitale avec l', avec lequel il fit un cycle Bartok fort impressionnant il y a quelques saisons. Le programme est taillé sur mesure, et est d'une longueur inhabituelle : chacune des deux œuvres dure près d'une heure.

Daphnis et Chloé est l'unique ballet de Maurice Ravel, commande des Ballets Russes de Serge de Diaghilev. Outre un effectif instrumental pléthorique – dont une rarissime «machine à vent» dans le pupitre de percussions – Ravel y a adjoint un chœur sans paroles, dans la lignée des Sirènes de Debussy : son utilisation est plus instrumentale que vocale. La partition à sa création en 1912 n'a pas suscité l'enthousiasme des danseurs dirigés par Michel Fokine, qui trouvaient cette musique trop compliquée… Pierre Monteux, chef d'orchestre de cette première, ne fut pas de cet avis, et l'avenir lui a donné raison : Daphnis et Chloé est une des œuvres phares de l'esthétique du XXe siècle, au même titre que Jeux de Debussy, le Sacre du Printemps de Stravinsky ou le Château de Barbe-Bleue de Bartok.

A Kékszakállú herceg vára op. 11 (titre original en hongrois) est l'unique opéra de Bartok, dont la composition remonte à 1911 mais la création à l'Opéra de Budapest seulement en 1918, soit exactement entre les ballets le Prince de Bois et le Mandarin Merveilleux. Le livret de Béla Balász est statique, l'action reste purement psychologique : Barbe-Bleue accueille sa nouvelle épouse Judith, qui ouvre peu à peu les portes symboliques de sa nouvelle demeure : salle de torture, salle d'armes, salle des trésors, le jardin secret, les domaines immenses, un lac de larmes et… la prison des trois précédentes épouses de Barbe-Bleue. Chacune représente un des trois moments de la journée, Judith symbolisera la nuit, sur les sonorités d'une marche funèbre. L'action se déroule véritablement dans la partition, qui rend cet opéra plus aisé qu'un autre à subir l'épreuve du concert. L'alchimie sonore de l'orchestre est un condensé entre l'esthétique de la maturité de Bartok, l'influence de Debussy et la tradition encore tenace du post-romantisme germanique.

retrouvera en Judith , avec qui il a enregistré l'œuvre en 1998 avec l'Orchestre Symphonique de Chicago (Deutsch Grammophon). est un habitué du rôle de Barbe-Bleue, et du répertoire contemporain en général (il a été Solonji dans les Trois Sœurs d'Eötvös lors de la création hongroise en 2000 et à diverses reprises de cet opéra en France, Autriche et Allemagne). Les concerts se dérouleront au Châtelet, considéré par le chef d'orchestre-compositeur comme la seule salle de concerts acceptable à l'heure actuelle sur Paris (avec la Cité de la Musique). A l' se joindra pour Daphnis et Chloé le Chœur de l'Orchestre de Paris, qui, rappelons-le, recrute toujours des choristes pour la saison 2006/07, saison de ses 30 années d'existence.

Crédit photographique : © Harald Hoffmann


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