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Jessye Norman, dans la cour des grands


Tout comme à qui rendait un dernier hommage public, ce mardi 13 juin, au théâtre du Châtelet, en lui dédiant son interprétation du Château de Barbe-Bleue, le maître français s'est fait l'ennemi du pathos, préférant à tout autre répertoire celui du XXe siècle qu'il aborde avec une sobriété et une précision conférant à la musique son véritable pouvoir de suggestion.

On a pris l'habitude, depuis quelques années, de redonner les chefs d'œuvre commandés par Diaghilev pour les ballets russes – tel le Daphnis et Chloé de Maurice Ravel – dans leur version intégrale plutôt que dans la suite d'orchestre, ce qui est, certes, plus cohérente, mais peut sembler parfois s'étirer en longueur en l'absence de la chorégraphie. On n'en a pas moins goûté, sous la baguette de , la somptuosité des timbres et l'élégance du geste orchestral qui confirmait l'excellence du pupitre des bois de l'. Avec une très belle cohésion, le chœur aux sonorités soyeuses conférait à l'ensemble son halo de mystère et de sensualité.

La présence de au côté de Peter Fried dans le Château de Barbe Bleue de Bela Bartok était en soi un événement qui fit salle comble au Châtelet. Si la voix de la diva a perdu de son homogénéité, elle conserve du moins sa puissance émotionnelle et la chaleur unique de son timbre. On n'émettra, par contre, aucune réserve en ce qui concerne la basse de Peter Fried, chanteur hongrois dont la présence scénique et l'éclat du timbre campèrent un Barbe Bleue d'une intensité dramatique saisissante. Tout à la fois opéra et poème symphonique, l'ouvrage recèle des pages d'orchestre d'une somptuosité étonnante jouées par l' avec une force évocatrice et une rutilance que l'on n'a guère l'occasion d'entendre si ce n'est sous la baguette des très grands maîtres : Thank you Mister Boulez.

Crédit photographique : © Irving Penn

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