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Elīna Garanča, rusée Rosina

La longue ouverture du Barbier donne bien souvent le ton de la direction musicale. Point trop précipitée, celle de est équilibrée, énergique quand il le faut mais aussi moelleuse, langoureuse, lyrique. Et elle est bien servie par la prise de son qui fait ressortir distinctement les différents instruments.

Les enregistrements du Barbier sont certes déjà nombreux mais celui-là ne semble pas superflu, ne pêchant en rien : superbe crescendo de l'air de la calomnie, Bartolo à la voix franche qui se sort formidablement du redoutable « A un dottor de la mia sorte ». Ne pêchant en rien et surtout en redonnant sa place à l'air d'Almaviva souvent omis, « Cessa di più resistere », qui vient enrichir le portrait du comte. Et Almaviva est idéalement chanté par , avec la voix légère qui convient au rôle. L'interprète fait preuve des qualités nécessaires au ténor rossinien, bien timbré et agile. Il forme un couple efficace avec Figaro, maître et valet bien caractérisés, lorsque l'un chante éthéré son amour et l'autre pragmatique l'argent qu'il va recevoir pour ses services. est un Figaro magistral, caractérisé et nuancé. La cavatine « Largo al factotum » est roborative, même si quelquefois avalée. La distribution est de qualité, jusque dans les petits rôles, avec par exemple Roberto Accurso, Fiorello bien chantant, à l'émission et au phrasé très sûrs. Mais la vedette de cette nouvelle intégrale est incontestablement . Avec la cavatine « Una voce poco fa », la mezzo fait preuve de l'excellence requise tant dans les envolées aiguës que dans le médium qu'elle a somptueux. Pas naïve pour un sou, elle semble beaucoup s'amuser, mutine lorsqu'après avoir minaudé pour consentir à écrire une lettre à son amant, elle finit par en sortir une toute prête sous les yeux de Figaro.

Et c'est le propos et la raison d'être de cet enregistrement : après les Rosina distribuées à des sopranos, retrouver les couleurs d'origine d'une mezzo, avec tout ce que cela sous-entend, une jeune fille avisée et non ingénue, trop vite rapprochée d'Agnès de l'Ecole des femmes, qui sait parfaitement ce qu'elle veut et met tout en œuvre pour parvenir à ses fins. Il s'agit d'une version intéressante, qui ne déparera pas les discothèques lyriques. A noter toutefois, la regrettable absence du livret si ce n'est en format informatique (et en traductions anglaise et allemande seulement) sur le premier disque.

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