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Des Knaben Wunderhorn, baguette merveilleuse de Philippe Herreweghe

C'est en 1887 que mit pour la première fois la main sur l'anthologie de lieder populaires de Clemens Brentano et Achim von Arnim intitulé Des Knaben Wunderhorn (le Cor merveilleux de l'enfant), un recueil qui fut un véritable phénomène culturel germanique lors de sa parution au début du XIXe siècle. Mahler était tellement fasciné par l'atmosphère de ces poèmes qu'il y puisa une grande partie de son inspiration créatrice pour la composition de trois de ses symphonies. Mais il a surtout mis en musique vingt-quatre poèmes, dont plus de la moitié ont été orchestrés et constituent le cycle de lieder Des Knaben Wunderhorn.

Ces lieder sont donc en quelque sorte une précieuse matière première pour Mahler, qui réutilisera plusieurs des mélodies dans ses symphonies, notamment Des Antonius von Padua Fischpredigt et Urlicht pour la n°2, Es sungen drei Engel pour la n°3, et Das himmlische Leben pour la n°4. Marches militaires, chants d'amour, fanfares, folklore juif, telles sont les références qui composent la trame sonore de ces lieder, dont la musique séduit par sa simplicité, son romantisme exalté, sa fausse naïveté. Légèreté, humour et ironie sont aussi sauce fréquente dans ces poèmes populaires qui contiennent souvent une moralité, à la manière des fables de La Fontaine. Mahler y trouve son compte pour notre plus grand bonheur.

C'est une version très réussie de ces Knaben Wunderhorn que nous propose et son , avec un son très homogène et de très belles couleurs orchestrales. Les deux solistes, la mezzo-soprano et le baryton sont également excellents, très à l'aise dans ce répertoire délicat et tout à fait en phase avec l'esprit de naïveté apparente de ces lieder.

Mais comme ce serait trop beau si tout était parfait, il nous faut tristement signaler un regrettable bémol à cet enregistrement ; c'est la manière dont Herreweghe passe complètement à côté de l'émotion véhiculée par Urlicht, la lumière primitive qui précède l'appel à la résurrection de la symphonie du même nom. Aucun ralentissement sur le moment le plus extatique de ce lied, c'est malheureusement gâcher un des plus grands moments de la magie mahlérienne ! Mais heureusement pouvons-nous nous consoler en nous tournant vers les multiples grandioses enregistrements de cette Symphonie n°2

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