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Les puristes feront la moue pour le Barbier à SF

Après l'énorme succès de ce Barbiere 2003 (DiDonato, Beuron, Ens et Gunn) il fallait, bien sûr, absolument, vite-vite, dare-dare, sans plus de retard, nous re-présenter cette superbe bâtisse pseudo-moderniste.

Ses salons, ses vestibules, propres et toujours aussi frais, si bien peinturés par , plus vrais que vrais, dans lesquels avait situé son action et dans lesquels il la situe encore ce soir, et qui, véritables personnages, participent pleinement du drame : la maison du bon Docteur, comme toutes celles de tous ces films d'horreur qui se réclament tous, bien sûr, d'Edgar Allan Pœ, vit alors et respire jusqu'à s'époumoner.

Il fallait aussi recréer ces mille gags, ces mille pirouettes, ces astuces qui nous avaient tant étonnés, tant réjouis. Certaines surprises n'en sont plus : le jeune homme qui se fait raser, visage et jambes, par Figaro, sur un scooter flambant neuf, s'avère finalement n'être qu'une jeune fille en mal d'épilation. Nous le savions… depuis 2003. Et si certains «trucs» se révèlent totalement gratuits (Figaro se déplace en Vespa, Almaviva entre et sort de scène par une bouche d'égout, Berta et Ambroglio passent leur temps à jouer au strip-poker, Rosine traîne son nounours de pièce en pièce) ne boudons pas notre plaisir. Nous nous devons d'être à la fête. L'œil du spectateur est ainsi assailli de bout en bout de mille gimmicks, d'acrobaties, de ficelles. Les puristes feront la moue. Tant pis pour eux. Savourons cet excellent spectacle. Rions. Tenons-nous les côtes. Mourons de rire. C'est si rare à l'opéra !… En fait, ce génie comique de Schaaf rappelle celui, également corrosif, de  !

, jeune et proprette, aborde sa Rosine avec sûreté, avec métier. La voix fraîche et sonore, à l'aigu lumineux, séduit, tout comme l'interprétation, sensible et naturelle. campe une Berta elle aussi vocalement solide. Chez les hommes, signalons le Figaro de , dont la voix saine et vigoureuse, bien timbrée, coiffe admirablement le personnage. Puis le Docteur Bartolo de (qui chante à San Francisco pour la première fois, tout comme ), virtuose, incisif. Puis le Don Basilio de , toujours aussi nerveux, spontané, souple.

Une déception, l'Almaviva de , à l'aigu engourdi, laborieux, au timbre quelconque. Il faudrait peut-être, pour être totalement honnête, ajouter que toutes ces galipettes, toutes ces facéties, Figaro-ci, Figaro-là, de nos acteurs, ébranlent quelque peu les prestations vocales (justesse de ton, gros décalages entre scène et fosse) de nos chanteurs qui se doivent ici de… d'abord… jouer la comédie. La baguette morne et approximative de lui passe par-dessus la tête. Notre maestro dirige en effet sans grande conviction ce Barbiere qui vaut surtout donc part sa théâtralité… et c'est très très bien ainsi.

Crédit photographique : © Terrence McCarthy

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