Giovanni Paisiello fait partie de ces artistes de l'ouest de l'Europe qui, à l'époque des Lumières, ont tenté leur chance à l'est auprès des Tsars de toutes les Russies.
C'est ainsi que l'on a pu retrouver bon nombre de Français et d'Italiens attachés à la cour du monarque russe le plus important de l'époque, Catherine II. Paisiello, star immense en Italie à la fin des années 1760, tente l'aventure et se retrouve en Russie en 1776.
En 1781, pressé par le temps et n'ayant aucun librettiste sous la main, il décide de reprendre le texte de La Serva Padrona (La Servante Maîtresse), déjà utilisé en 1733 par Pergolèse. Cet ouvrage est un intermezzo (un intermède), mini-opéra comprenant peu de personnages, dont les actes s'intercalaient entre ceux d'un ouvrage plus important, généralement un opéra seria, afin de permettre aux spectateurs de relâcher un peu la pression due à l'intrigue. L'intermezzo s'est par la suite développé et a donné naissance à l'opéra buffa.
Cette interprétation, menée de main de maître par Attilio Cremonesi, est de très grande qualité. L'orchestre suisse La Cetra accompagne de manière très pimpante et agile les deux protagonistes que sont Cinzia Forte et Antonio Abete, parfaitement crédibles dans leurs rôles. Ce n'est pas de la très grande musique mais c'est quand même bien écrit et tout aussi bien interprété, ce n'est déjà pas si mal. Et puis Paisiello est un nom connu, sans doute beaucoup plus que sa musique, alors l'écoute d'une de ses œuvres, dans une version irréprochable, peut légitimement se programmer, vous ne croyez pas ?