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Wagner à la pelle

Connu outre-Rhin comme chef lyrique et en France comme chef symphonique, a finalement choisi pour cette série de concerts (ce jour à Paris et la veille à Lyon) un bon équilibre entre ses deux facettes avec .

Deux choses sautent aux oreilles dès le Prélude de Tristan und Isolde : la fine connaissance de cette musique par le chef et les décalages de l'orchestre. Ces deux éléments vont persister pendant tout le concert, mais les musiciens en sont d'ores et déjà pardonnés : l'écriture de Wagner les mobilise à plus de 100%, sans un instant de répit.

Le répit est peut être ce qui manquait le plus. Au Prélude de Tristan s'enchaînent immédiatement les cinq Wesendonck-lieder suivis, sans voir le temps de dire « ouf », de la Mort d'Isolde. Si l'idée de présenter tout cela comme un ensemble peut se comprendre, elle ne se justifie guère vu les différences radicales d'ambiance entre les extraits de l'opéra et le cycle de lieder. D'autant plus que Wagner n'en a orchestré qu'un seul (, grand orchestrateur d'absolument tout s'étant chargé du reste, et cela s'entend). La voix de n'arrange en rien. Si on en croit la notice de la soirée, elle « écrivit l'histoire du Festival de Bayreuth de 1988 à 1998 ». Certes, nous n'en doutons pas, mais neuf ans ont passé, et son instrument s'est considérablement dégradé : graves inaudibles, creux dans les notes de passages, aigus tirés, vibrato excessif… La grande tragédienne, malgré un soin attentif au texte, n'est plus que l'ombre d'elle-même.

La seconde partie du concert était un « best of » du Ring. Un exercice connu, surtout au disque, et légitime en regard de la teneur des extraits proposés. Mais fallait-il les jouer sans discontinuer ? Le Prélude immobile de l'Or du Rhin s'enchaîne à la Descente au Nibelung et les nains n'ont-ils pas fini de forger l'or que les Walkyries chevauchantes sont déjà là, et ainsi de suite pendant quarante-cinq minutes jusqu'à l'Immolation de Brünnhilde. Soumis à une telle cadence, les musiciens se fatiguent, et forcément les décalages deviennent légions. Dommage, car l' sait faire preuve d'une grande subtilité de coloris.

Crédit photographique : © Sébastien Erome

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