- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Quand la colline de Bayreuth vient à Luxembourg …

Pour une fois, l'actualité musicale n'aura pas donné raison à la célèbre citation de Mahomet, « puisque la montagne ne vient pas à nous, allons à la montagne ».

C'est un peu en effet comme si la colline de Bayreuth elle-même s'était déplacée vers la Philharmonie de Luxembourg à l'occasion de cet exceptionnel et unique concert donné en guise de clôture du Luxembourg Festival 2007…

Sous la baguette véritablement inspirée d'un de ses chefs attitrés , l' a emballé le public luxembourgeois, littéralement enivré de sonorités comme il en aura rarement entendues, et c'est à une véritable orgie musicale que se sont livrés les instrumentistes d'un orchestre qui excelle autant dans les passages « chambristes » d'inspiration intimiste – on n'est pas prêt, par exemple, d'oublier le sublime solo de violoncelle au premier acte de La Walkyrie – que dans les différents déferlements sonores qui marquent les deux plus belles journées du Ring. Une mention particulière, notamment, à tous les cuivres dont la rutilance est toujours exempte de gratuité, toujours mise au service de l'expression musicale et dramatique la plus juste. C'est en effet en véritable chef de théâtre que a conduit ses troupes, faisant culminer les deux parties du concert en des moments d'une intensité dramatique rarement atteinte. Bravo à tous les musiciens qui ont contribué à mener le public vers de tels sommets musico-dramatiques…

Le plateau vocal réuni pour l'occasion, reflet également des représentations actuelles du festival, est également de bonne tenue, même s'il ne se situe pas tout à fait au même niveau artistique que la prestation orchestrale. C'est ainsi que le baryton impressionne dans les adieux de Wotan par la puissance et la projection de sa voix, mais son chant manque du legato qui a marqué au XXe siècle les plus grandes interprétations du rôle. Inversement, le ténor chante avec beaucoup de sobriété et de musicalité la partie de Siegmund, mais son instrument aux belles couleurs barytonales est assez facilement couvert par l'orchestre. Si ce chanteur n'a pas, de toute évidence, l'étoffe d'un véritable Heldentenor, il a très certainement un bel avenir devant lui dans certains emplois wagnériens. Il semble ainsi tout indiqué pour Parsifal. Dans le rôle de Hunding, la basse coréenne affiche une voix caverneuse à souhait, mais sa prononciation de l'allemand laisse parfois à désirer. Tel n'est certainement pas le cas de la soprano , dont on comprend littéralement chaque mot. Très en voix lors du concert, cette artiste semble néanmoins plus à l'aise dans le rôle plus lyrique de Sieglinde que dans l'immolation de Brünnhilde, même si les beaux phrasés dont est capable dans la scène finale du Crépuscule cette merveilleuse diseuse laissent entrevoir une fréquentation assidue d'un rôle sans doute un peu lourd pour elle sur le plan purement vocal.

Une fois encore, c'est essentiellement par l'exceptionnelle qualité de la prestation orchestrale que ce concert fera date dans les annales de la Philharmonie.

Crédit photographique : et © Philharmonie de Luxembourg

(Visited 87 times, 1 visits today)