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Luigi Nono : œuvres pour orchestre et musique de chambre

Ce cd consacré au compositeur italien comprend quatre compositions dont deux pour orchestre (Due espressioni, A Carlo Scarpa), une pour ensemble de chambre (Fragmente-Stille) et une pour tuba solo et électronique live (Post-Prae-Ludium).

Environ 35 ans séparent Due espressioni et Post-Prae-Ludium : une période pendant laquelle l'expérimentation nonienne sur le son infiniment petit à la limite du silence évolue vers la recherche d'un son mobile et l'utilisation de la technique du live électronique qui caractérise Post-Prae-Ludium. Dans ce morceau, le tuba de Giancarlo Schiaffini, qui a travaillé avec Nono pour le premier enregistrement de 1987, doit capter, élaborer et répondre aux processus d'expansion du son. Aux différentes façons de production du son (vibré, de bourdon, chanté dans l'instrument) s'ajoutent la résonance et les multiples élaborations électroniques qui génèrent un effet à onde défini « magmatique ». Ces nouvelles possibilités de technique d'exécution du tuba (à six cylindres) donnent à l'interprète une certaine liberté de création de nombreux événements sonores où le son n'est pas fixé mais mobile.

Mobile par transformation à l'aide d'instruments technologiques, mobile parce synthétique, c'est-à-dire contrôlé par un ordinateur mais produit en temps réel, mobile parce non répétitif.

Fragmente an Diotima est un exemple très exhaustif de cette idée de son non fixé.

La durée de la couronne (environ 7 secondes), la différente technique de l'archet, la diverse intensité des sons, la non-périodicité de l'ensemble sonore, donnent l'impression d'un son toujours différent à voir mobile.

Le Moscow String Quartet arrive à obtenir des nuances très fines, des gradations dynamiques et « rythmiques » qui vont jusqu'à atteindre, selon les indications de Nono, le seuil de l'inaudible.

Cette inquiétude de Nono pour l'infiniment petit, l'inconnu, le silence, défini la dramaturgie sonore du morceau A Carlo Scarpa et « à ses infinités possibles ». L'impossibilité de déterminations spatiales absolues, la nécessité d'innovation du langage sonore se reflètent dans l'écriture sonore de micro-intervalles d'un quart, d'un huitième ou d'une seizième de ton : d'une tonalité indéfinie.

A véhiculer la pensée sonore de Nono, deux vétérans de la musique contemporaine : et (1895-1962) à la tête de la SWF Symphony Orchestra.

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