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Une pétaudière bien ordonnée avec Les Brigands à la Cour du roi Pétaud

Ils sont devenus incontournables en ces périodes de fêtes, autant que la bûche et les marrons glacés. «Ils», ce sont , une joyeuse compagnie de théâtre lyrique qui s'installe à l'Athénée chaque hiver depuis Noël 2002, faisant ainsi escale au sein d'une grande tournée nationale.

On peut leur faire confiance pour exhumer des ouvrages oubliés d'un répertoire léger mais toujours exigeant, avec quelques fidélités, comme les œuvres méconnues d'Offenbach ou celles du parolier Albert Willemetz. Leur nouvelle production est une opérette de… , moins connu pour ses pêchés de jeunesse que pour ses œuvres sérieuses pour le ballet et l'opéra, qui a écrit pas moins d'une dizaine d'opérettes. La Cour du roi Pétaud est prototypique du genre, avec tout ce qu'il faut de loufoquerie, de cuivres roboratifs, de refrains faciles à retenir, de rois Ubu et de royaumes… d'opérette, mais aussi – musique française oblige – de raffinement, de rythmes de danse et de duos d'amour. Le livret d'Adolphe Jaime et – on travaille alors à deux, de Meilhac et Halévy à Leterrier et Vanloo – tient la route et la partition recèle de belles pages où l'orchestration de Delibes se fait entendre. Et c'est aussi pour cela qu'on aime , qui savent à merveille, malgré la nécessité d'une réduction, rendre la saveur et la musicalité d'une partition.

La distribution offre les qualités d'une troupe soudée. Pétaud est campé par un placide , roi falot plus vrai que nature, autour de qui s'activent des courtisans veules à souhait, emmenés par l'excellent en Volteface. Le comédien, qui impressionne par un grand abbatage et un comique facial très louisdefunesque, ne craint pas d'en faire trop, pour le plus grand plaisir de la salle. Et la voix suit parfaitement. La distribution féminine est moins homogène, même si l'on y retrouve avec plaisir , charmante dame de cour et , décidément très à l'aise dans les rôles de travesti. Mélody Louledjian est visuellement aussi cruche que le demande le livret mais la technique reste à parfaire, quoiqu'elle esquisse sans peur l'air des clochettes de Lakmé et soit une jeune première qui s'éveille à l'amour naïve et touchante.

La mise en scène de Jean-Philippe Salério est pleine de vie, tout autant que la direction énergique et néanmoins subtile de . Un décor tout simple – on regrette un peu la scénographie très élégante d'Arsène lupin banquier – mais fonctionnel suffit à évoquer ce petit monde imaginaire. Les costumes, surtout, sont particulièrement réussis, à la fois correspondant à un peuple de courtisans tel que le voit notre imaginaire collectif mais aussi savoureusement décalés. Peu de moyens suffisent à mettre en œuvre un univers très cohérent et c'est le tour de force des Brigands que de présenter une pétaudière aussi bien ordonnée !

Crédit photographique :  © Elisabeth de Sauverzac

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