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Ewig… Ewig…

Le principal orchestre de la Belle Province, après une période d'instabilité (2002-2006), a retrouvé de sa superbe et a tenu à le faire savoir par une tournée européenne avec Le chant de la Terre de Mahler récemment enregistré.

L' est un idéal compromis entre la France et l'Amérique. De l'Hexagone il a retenu des couleurs claires, un engagement musical évident et ce petit grain sonore si caractéristiques. Du Nouveau Monde, on retient la perfection instrumentale – pas un accroc de toute la soirée – et ce culte du clinquant sonore, avec un pupitre de cordes d'une remarquable homogénéité et une section de cuivres éclatante.

reste fidèle à lui-même. Son Debussy (les Nocturnes amputés du final Sirènes) est très finement ciselé, dosé au millimètre près. Les musiciens de l'OSM sont ici dans leur élément, habitués à cette musique par les 25 ans de présence de Charles Dutoit (1977-2002) en tant que directeur musical. Les plans sonores sont fidèlement restitués, jusque dans la fanfare centrale de Fêtes. Orchestral Theatre I: O de laisse interrogateur : l'œuvre abonde d'effets faciles et de procédés usés jusqu'à la corde. Musique qui se veut apologie du rite, d'une scansion rythmique originelle qui mène à la mélodie, ses quelques moments spectaculaires (pizz «Bartók», cordes frappées des contrebasses, effets de carillons aux percussions-claviers, …) finissent par lasser, malgré la conviction du chef d'orchestre qui défend inlassablement ce répertoire.

La pièce de résistance de la soirée reste ce fameux Chant de la Terre, dans sa version moins courante pour ténor et baryton. n'est pas un adepte du débordement post-romantique, et l'OSM peu connu pour s'être aventuré dans ce répertoire. Tout ici est pesé, mesuré, réfléchi. L'orchestre, dans les préludes, interludes et postludes de chaque lieder se déchaîne avant de s'effacer à l'entrée de la voix. , à qui reviennent les textes ayant trait à l'ivresse, ne tombe pas dans l'hystérie. La ligne de chant reste toujours très homogène, le timbre est lumineux, aucun passage n'est forcé. confirme qu'il est un des plus grands chanteurs de lieder du moment : chaque mot a son importance, la couleur vocale est infiniment soignée, jusqu'à cette évaporation finale «Ewig… Ewig…» à peine perceptible. Les quelques secondes de silence total entre la dernière note et le déluge d'applaudissement en disent long sur la qualité exceptionnelle de ce concert.

Crédit photographique : © Nicolas Ruel

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