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À deux sur le banc pour Florent Schmitt

compte parmi les compositeurs oubliés du début du XXe siècle. Tout au plus connaît-on encore son ballet La Tragédie de Salomé, qui se signale par une opulence orchestrale digne d'un Strauss. Rien de tel ici. C'est la facette intime du musicien que se proposent de nous faire découvrir et , dans une sélection d'œuvres pour piano à quatre mains.

Ces pièces, composées en un laps de temps relativement court (de 1905 à 1913), nous révèlent un artiste pris entre plusieurs esthétiques, dont il n'arrive visiblement pas à se dépêtrer… On passe ainsi d'une sorte de post-romantisme, sucré ou plus délicat, qui lorgne vers Schumann (« Retour à l'endroit ») ou Chopin, à un impressionnisme de surface, assorti des modes, du pentatonisme, des accords-couleurs et autres gammes par tons de rigueur (« Le parapluie chinois », la « Danse britannique »). Le tout se démène pour rentrer dans le moule de formes maîtrisées (voire éculées), sans que la magie opère vraiment. De ce point de vue, Schmitt échoue là où Dukas triomphe. Reste une musique plutôt agréable à écouter, très « Belle Époque », qui embaume le bonheur familial, ni extatique ni passionné – un peu à la Maurice Denis, en somme.

Les deux interprètes rendent bien cette atmosphère, en adaptant leur jeu à la charmante tiédeur des mélodies, et en amenuisant autant que faire ce peu les bizarreries harmoniques qui émaillent le discours par le biais d'un rubato bien senti. On regrette parfois néanmoins la trop grande réverbération de la prise de son, comme dans « Douceur du soir » : le halo sonore ainsi créé rend cette pièce déjà harmoniquement fuyante quasi incompréhensible. Quitte à redécouvrir Schmitt, mieux vaut sans doute commencer par d'autres œuvres, moins intimes, … moins fades.

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