Festival Les Arcs 2009
La série Brahms/Berio/Strasnoy continue à 1800 mètres d'altitude. Le juvénile Trio n°1 de Brahms a bénéficié du jeu toujours autant solide malgré les concerts enchaînés d'Hortense Cartier-Bresson, idéalement accompagnée par Ayako Tanaka et Guillaume Paoletti. Une lecture homogène au service d'une partition certes de jeunesse mais déjà aboutie. Autant Jacques Di Donato avait pu décevoir la veille, autant son interprétation de la Sequenza IX, pleine de poésie et de délicatesse, emporte l'adhésion. La sonorité se fait toujours mœlleuse, jouant des registres extrêmes, et les sons multiphoniques qui égrènent la partition sont toujours amenés avec tact et délicatesse. L'Eco qui suit bénéficie de toute l'ironie nécessaire de l'interprète – probablement une des pièces les plus abouties du cycle d'Oscar Strasnoy avec celui pour alto. Les Arcs présentent parfois de la musique vocale, tels ces Zigeunerlieder, une fois encore idéalement accompagnés par Hortense Cartier-Bresson et interprétés de manière théâtrale par Elsa Maurus, donnant un certain relief à la partition. La nuit transfigurée terminait ce concert fortement varié – sans pour autant être hétérogène – par une interprétation riche en finesse et en couleurs du Quatuor Rosamonde augmenté des jeunes talents Florian Frère et Hélène Clément.
Légère entorse à la programmation le lendemain 30 juillet, sans Berio ni Strasnoy. Mais avec en première partie l'immense Quintette pour piano et cordes de Brahms. Les cinq musiciens réunis en ont livré une interprétation dans des tempos effrénés, occasionnant quelques accrocs. Les inconvénients du direct, malgré une musicalité indéniable de l'ensemble. La suite du concert ne fut que divertissement, une pause en milieu de festival avec le duo Igudesman & Joo. Ces deux artistes, le violoniste Aleksey Igudesman et le pianiste Richard Hyung Ki Joo sont professeurs de musique de chambre à l'Académie des Arcs, mènent de classiques carrières de concertistes et… forment un duo désopilant. Les numéros comiques s'enchaînent avec naturel et sans vulgarité. Citons pêle-mêle l'improvisation sur une sonnerie de portable (au beau milieu de la Méditation de Thaïs), le piano à crédits (autant absurde que bien des hotlines téléphoniques… «si vous êtes débutant, tapez do») ou l'improvisation finale sur des thèmes de West Side Story et des Simpsons. De l'humour musical de haute virtuosité.
Crédit photographique : Jacques Di Donato (clarinette) ; Igudesman & Joo © Festival des Arcs