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Gala ou pas gala ?

Décidément, les galas sont très en vogue en Rhénanie ! Après un « Gala Richard Strauss » à Cologne en juin dernier, un « Gala Gustav Mahler » pour l'ouverture de la nouvelle saison du Gürzenich-Orchester, c'est au tour du Deutsche Oper am Rhein de Düsseldorf/Duisburg de proposer un grand gala lyrique pour l'ouverture de sa saison 2009-2010, la première sous l'égide de Christoph Meyer et Axel Kober.

Si un gala se définit par l'importance des moyens employés, c'en est définitivement un : presque quatre heures de programme, 21 solistes, deux stars de la télévision allemande pour la présentation (assez médiocre finalement), retransmission sur écran géant au cœur de la veille ville, le tout se terminant par un spectaculaire feu d'artifice. Si, en revanche, le mot gala promet un événement musical de qualité exceptionnelle, le bilan est plus mitigé. Il y a, certes, la prestation extraordinaire du nouveau directeur musical Axel Kober, sautant sans aucune difficulté de Wagner à Rossini et de Bizet à l'opérette viennoise, sachant offrir, pour ne donner que deux exemples, une fulgurante cabalette verdienne et une Walkyrie à la fois nuancée et entraînante. Mais il y a aussi quelques déceptions du côté des solistes.

En effet, trois catégories de solistes ont été invités pour ce concert : trois stars de renommée internationale, les vedettes de la troupe du Deutsche Oper am Rhein (la plus grande troupe lyrique d'Allemagne) et toute une floraison de jeunes talents, engagés par la nouvelle direction. Et, contre toute attente, ce sont ceux derniers qui laissent l'impression la plus favorable ! Anna Virovlansky, par exemple, ravissante soprano russe au timbre précieux et à la technique sûre, qui chante un touchant air de Gilda, extrait de Rigoletto. Ou bien Annett Fritsch, espiègle Adele de la Chauve-Souris, aux vocalises et au suraigu sans faille. Ou encore Theresa Kronthaller, voix de mezzo richement timbre, qui soulève l'enthousiasme de la salle avec un air de Robert Stolz. Nous apprécions également le beau timbre de Timo Riihonen qui se présente avec la chanson du pou de Mussorgsky, ainsi que le courage du tout jeune ténor russe Dmitry Trunov qui affronte en guise de carte de visite en sans sourciller les redoutables contre-uts de la Fille du Régiment. Parmi les autres membres de la troupe, la palme revient à . Celle qui chante à Düsseldorf les rôles les plus difficiles du répertoire dramatique, campe ici une Hanna Glawary (La Veuve Joyeuse) toute de finesse, aux piani aériens. Une mention également à , Giuditta lumineuse, et à , Santuzza inhabituellement lyrique, mais très intense. , tout juste de retour Bayreuth, s'affronte ici au répertoire italien avec l'entrée de Zaccaria, tiré de Nabucco, et l'air de la calomnie du Barbier de Séville. Si, au début, il a un peu de mal à adapter sa voix immense au belcanto italien, il finit par rapporter tous les suffrages grâce à la beauté du timbre, à la facilité de ses aigus (à chaque fois, il ose un sol !) et au charisme de l'interprétation. Très applaudi également, est un Figaro rossinien grandiloquent comme il faut, peut-être un peu trop poussif dans ses aigus pourtant impressionnants. , remarquable Alberich dans le récent Ring viennois, s'égare ici dans le répertoire français avec un air d'Escamillo au charme bien trop nordique et à la diction désastreuse. Quant à la prestation d', remplaçant souffrant dans des extraits de Rigoletto, nous préférons nous taire…

Et les grands stars ? Finalement, c'est qui, dans des extraits de Tosca et des Contes d'Hoffmann, tire le mieux son épingle du jeu. Certes, la voix est devenue assez raide et les aigus sont souvent forcés, mais l'interprète fascine toujours son public, notamment dans une chanson de Klein-Zack vibrante d'énergie. , en revanche, avec son habituelle nonchalance souriante, se permet deux fausses entrées dans le finale I de la Walkyrie, déstabilisé, par ailleurs, par une certes intense, mais très fatiguée vocalement. En deuxième partie, Seiffert se montre plus sûr musicalement dans un «Dein ist mein ganzes Herz» pourtant assez wagnérien.

Le gala se termine, de façon assez bizarre, par une scène d'ensemble, extrait de Peter Grimes, première nouvelle production de la saison 2009-2010, donnée à partir du 18 septembre, puis, en bis, par un «Nessun dorma», chanté à trois et dans l'hilarité générale par , et .

Crédit photographique : © Hans-Jörg Michel

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