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Orphée et Eurydice, d’après C.W. Gluck

À une époque où l'on prise l'authenticité dans la restitution des ouvrages du XVIIIe siècle, ce DVD pourrait presque passer pour une provocation.

Passons sur la vision personnelle du metteur en scène, le mythe d'Orphée en a vu d'autres, et le concept évoqué dans cette production ne manque ni d'intérêt, ni de cohérence. s'en explique dans le livret, de même que dans l'interview proposée en bonus. Le mythe intemporel en ressort dans toute son universalité et la beauté époustouflante de certaines images n'est pas à remettre en cause. Avec ce spectacle proposé au Teatro Communale de Bologne, prouve qu'il est un metteur en scène qui a des idées, et sur lequel il faudra désormais compter.

Que le concept de la mise en scène exige qu'on charcute à ce point la partition de Gluck, tailladée à qui mieux et mieux et restructurée de bout en bout, cela est sans doute plus discutable, même si l'on sait que ce genre de phénomène se pratiquait déjà au dix-huitième siècle. Les différentes versions de l'Orfeo présentées à Londres au XVIIIe siècle, par exemple, qui ont elles aussi été réécrites en fonction de certains – musicaux ! –, étaient fort différentes de l'original, même si ce n'était pas à l'époque un concept scénique qui aurait pu entraîner de telles modifications… Reconnaissons tout de même qu'il fallait une certaine audace pour transposer le rôle de l'Amour pour voix de baryton, lequel baryton se voit également confier l'air «Cet asile aimable et tranquille» normalement chanté par l'Ombre heureuse de la version parisienne de 1774. Heureusement que , à qui échoit le rôle du Guide/Croquemort, restitue admirablement cette musique. C'est sans doute de toute la distribution le seul à avoir quelque idée du style gluckien.

Dans le rôle d'Orphée, a de très beaux moments, et sa merveilleuse diction rend particulièrement émouvant son personnage. On pourra en revanche lui reprocher certains écarts de style même si, dans un tel contexte, il ne saurait non plus être question d'authenticité musicale. On se contentera donc de profiter de cette voix sublime mise au service de l'émotion à l'état pur. La jolie est en revanche vocalement assez moyenne en Eurydice, et sa diction est plutôt médiocre. On pourra louer la belle prestation du chœur de l'Opéra de Bologne, très investi dans cette mise en scène superbement filmée. Si la direction de manque quelque peu de panache, elle aura néanmoins contribué, dans ses élans presque romantiques, à la cohérence d'ensemble d'un spectacle aussi original que déconcertant.

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