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Pas toujours gagnant !

Après Paris et entre des étapes en Pologne et en Autriche, la tournée européenne de l'orchestre allemand de Berlin passait par le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

Le long (à cause des tempi !) Concerto pour violon de Beethoven joué en ouverture de programme posait question. L'auditeur était tout d'abord frappé par l'ampleur de la masse orchestrale convoquée : quatorze premiers violons, douze seconds violons, dix altos, huit violoncelles et six contrebasses ! Dès l'introduction orchestrale, on est confirmé dans nos impressions : revendique un Beethoven, lent et plutôt «romantisé» à l'excès avec des tutti forcément saillants ! Le chef semble errer sans idée fixe se plaisant à souligner tel ou tel détail instrumental ou mélodique. avance prudemment et s'impose progressivement dans la pièce par la richesse de sa sonorité et sa fine musicalité. Il n'empêche, le premier mouvement sonne de manière hybride et la complicité chef/soliste tire plus vers la cœxistence pacifique que vers le réel dialogue. Le second mouvement continue de nous désarçonner avec un tempo à la lenteur insoutenable évoluant aux limites du décrochage. Metzmacher soigne la finesse des textures et les moindres nuances alors que le soliste fait briller son instrument, pourtant, le discours en sort haché et fragmenté jusqu'à l'impossible. Curieusement, dans le Rondo : Allegro final, le chef se montre conquérant et rebelle, arrachant l'orchestre dans un geste énergique et échevelé ! Le soliste suit avec brio cette optique et présente une superbe palette de couleurs. L'interprétation expérimentale offerte ce soir touche pourtant le public qui acclame . Mais, cet artiste génial, méritait certainement un accompagnement plus énergique et moins conceptuel que celui d'.

Changement radical d'ambiance avec la version intégrale de l'Oiseau de feu de Stravinsky. Dans cette pièce, Metzmacher fait de la musique pour de la musique et oriente plus sa vision vers la radicalité orchestrale du jeune compositeur que vers la tradition narrative : les tempi sont échevelés, la masse orchestrale est taillée à la serpe alors que l'orchestre avance tout caréné. Le chef défend une vision fauviste, coloré et rageuse à laquelle on ne peut qu'adhérer. La performance des instrumentistes est aussi solide dans son ensemble (puissance et homogénéité) que dans les détails (cors magnifiques !). Cet Oiseau de feu, exceptionnel, rageur et minéral, sauva donc ce concert !

Crédit photographique : © Yannis Bournias

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