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Bach allégé par Les Musiciens du Louvre

Après Hambourg, Cuenca, Grenoble et Cracovie, c'est à Paris en cette veille de Pâques que clôturaient leur tournée avec la Passion selon Saint Jean de Bach. Pour cette production, a retenu la première version (1724), représentée sans entracte, en incluant dans la première partie un air pour basse accompagné par deux flûtes et le continuo sur un choral chanté par la soprano (Himmel reisse, Welt erbebe, tiré de la version de 1725). Dans le prolongement de ce qu'il a déjà fait pour la Messe en si, adopte dans Bach la théorie d'»une voix par partie» défendue par Joshua Rifkin et reprise par , , Paul McCreesh, Sigiswald Kuijken ou . On a donc ici huit solistes, qui se répartissent les récitatifs (personnages de l'Evangéliste, de Jésus, Pilate, Pierre, d'un garde et d'une servante), les airs et qui chantent aussi les chœurs et les chorals. Les chanteurs, surélevés, sont disposés en arc de cercle derrière l'orchestre, également en effectif réduit (vingt-trois instrumentistes). Cette démarche engendre une interprétation particulièrement dramatique et théâtrale (le chœur d'ouverture notamment), mais manquant parfois de grandeur (surtout les parties de chœurs) dans une salle comme Pleyel, peu comparable à Saint-Nicolas de Leipzig. Pour obtenir un résultat probant dans cette œuvre, il faut un Evangéliste solide, ce qui est le cas ici avec . Le ténor, avec un timbre clair, est particulièrement expressif pour narrer le récit de la trahison et de l'arrestation du Christ, du procès devant Pilate, de la condamnation, la crucifixion et la mise au tombeau. Les autres personnages sont convaincants, même si le Jésus de manque de présence et d'ampleur. Dans les différents airs, les solistes s'en sortent plutôt bien, notamment le ténor dans Erwäge, wie sein blutgefärbter Rücken ou l'alto dans le poignant Es ist vollbracht !. L'impression est plus mitigée lorsqu'ils interprètent les parties en tutti (chœurs, chorals), tour à tour haineux, ironiques ou lorsqu'ils expriment la compassion. Au sein de l'ensemble, on entend surtout la soprano et le ténor et ce que l'on gagne en souplesse, lisibilité, on le perd en homogénéité, fondu des voix. La direction de est vive, contrastée, et l'orchestre ne couvre pas les chanteurs. Le continuo est quant à lui somptueux, notamment le violoncelliste Nils Wieboldt, tout comme le solo de viole de gambe de Atsushi Sakai dans l'air Es ist vollbracht !.

Crédit photographique : Marc Minkowski © Philippe Gontier /Naïve

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