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Hommage à Jerome Robbins : tout pour la musique

Autour du répertoire de Chopin et de Ravel, cet hommage à Jerome Robbins conjugue gaieté, nostalgie et humour dans une soirée très variée. Avec, en contrepoint, la reprise d'une création de , ancien élève du chorégraphe américain.

En Sol, chorégraphié dans les années 1970 par Jerome Robbins sur le magnifique Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Ravel est un ballet tonique et rafraîchissant. C'est une pièce joyeuse et nostalgique, très française par la musique et américaine par son insouciance et sa légèreté tonique. La carrure athlétique de dans le rôle principal donne à l'amplitude de ses mouvements un certain gigantisme. La noblesse juvénile de son partenaire, , en fait un Tadzio échappé du film Mort à Venise. Le long pas de deux placé au centre du ballet est limpide et requiert, de ce fait, une interprétation plus légère et plus éthérée que ce que nous proposent les deux danseurs.

Triade, ballet créé en 2008 pour la compagnie par , qui fit ses débuts auprès de Robbins à New-York, est un chassé-croisé amoureux inspiré par les marins en goguette de Fancy Free, première collaboration entre et Jerome Robbins en 1944. Le travail chorégraphie met davantage en valeur les garçons ( et ) que les filles ( et ), en tout cas dans cette distribution. , fine et précise en solo, attentive en duo, est un feu follet ! Dans ce répertoire désinvolte et technique, les danseurs se font visiblement plaisir. A noter, la musique originale de Nico Muhly est l'une des rares partitions à réserver deux pupitres solos à des trombones (Daniel Breszinski et Nicolas Vallade), accompagnés au piano par Michel Dietlin.

Le sommet de la soirée est sans conteste In the night, où effectue une prise de rôle dans le premier couple. La jeune femme, formée au Teatro Colón à Buenos-Aires et admise en 2003 dans le corps de est désormais Première Danseuse. C'est une superbe ballerine, d'une grande maturité, avec des bras admirables. Son partenaire, , la met en valeur avec noblesse, s'effaçant presque à l'excès. Emilie Cozette et , qui leur succèdent, forment un couple parfaitement assorti, équilibré, dans une douceur caressante et ambrée. Plus torturé est le couple incarné par Manuel Legris, étoile invité, et , passionnée et capricieuse. Les portés sont intenses, les élans contrariés et le dos d' en tressaille. Divinement construit, chaque duo se termine par un porté suspendu, à l'avant-scène cour ou jardin, avant de disparaître. Avec cette distribution, rejoint la cour des grandes et Manuel Legris, en guest star ravit ses fans.

Dans The Concert, ballet comique qui clôture cet hommage, , hilarante, est survoltée dans le rôle de la ballerine. Dans l'un des rares ballets parodiques du répertoire, les gags sont innombrables, tant dans la scène d'exposition (le concert de piano et ses spectateurs) que dans le ballet qui le suit. Les jeunes danseuses de la compagnie y font avec brio leurs premières armes de comiques. Les saynètes se succèdent, nécessitant une dose d'humour insoupçonnée chez les danseurs. Alexis Renaud, le mari, est excellent en macho-hussard à shako, irrémédiablement rattrapé par sa femme (Aurélia Bellet). Le ballet est plein de bonnes idées amusantes, comme ce poétique ballet de parapluies ou cette loufoque chasse aux papillons, jusqu'au final, éblouissant !

Crédit photographique : et dans Triade ; Eve Grinstazjn dans The Concert © Sébastien Mathé / Opéra national de Paris

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