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Le Mahler aérien de Jansons

La radio bavaroise n'a pas de chance avec ses pianistes : après Murray Perahia, c'est au tour d'András Schiff d'annuler au dernier moment sa participation à ce concert, qui prend place dans une double intégrale en cours, celle des concertos de Beethoven et celle des symphonies de . Au moins, cette fois, le remplaçant est de valeur : la version que donne du concerto de Beethoven est tout sauf confortable, et il faut parfois passer sur un ornement comme avalé par le clavier pour pouvoir apprécier la fraîcheur d'une approche exigeante. , toujours à l'écoute de ses solistes, trouve un ton qui n'est plus celui d'un classicisme chaleureux tel qu'il l'affectionne d'habitude, mais, d'une certaine façon, prépare aux sonorités plus contrastées de la seconde partie du concert.

Celle-ci, consacrée à la plus aérienne des symphonies de Mahler, confirme à quel point a désormais fait sien l'œuvre de Mahler, au-delà de l'opportunité offerte par un double anniversaire. À mi-chemin de l'immédiateté émotionnelle des interprétations de Leonard Bernstein et de l'âpreté de celle de Pierre Boulez, Jansons n'a pas peur de souligner la rudesse des accents populaires, quitte à bousculer parfois un peu le discours musical pour mieux faire ressortir les bigarrures de cet univers ; par contraste, les ouvertures sur l'infini du troisième mouvement font retrouver cet élan extatique qui n'appartient qu'à lui. Pour le dernier mouvement, fait appel à  : si on ne distingue pas avec elle, comme par exemple avec Dorothea Röschmann, les abîmes qui se cachent derrière cet étonnant pays de cocagne aux accents populaires, son interprétation a tout l'angélisme requis. Entendre cette musique dans la Herkulessaal, peu avenante visuellement mais intime et douée d'une acoustique flatteuse, avec un orchestre si constamment au service de la vision de son chef est une expérience précieuse.

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