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Concert symphonico-chambriste avec Argerich et Maisky

Si l' est moins connu que ceux de la Suisse Romande immortalisé par le chef ou de la Tonhalle de Zurich, il n'en est pas moins un des plus anciens orchestres symphoniques helvétiques (il fut créé en 1806), et reste très actif, en particulier sur la création d'œuvres nouvelles, comme ce Double Concerto pour violoncelle et piano de Chtchedrine dont il est le commanditaire et le créateur avec les solistes et présents ce soir pour la création française de l'œuvre.

Ce concert présentait une allure originale puisque les deux solistes du concerto se retrouvaient seuls sur scène après l'entracte, dans la Sonate pour violoncelle et piano de Franck, transcription de la célèbre Sonate pour violon et piano, cédant ensuite la place à l'orchestre pour le final constitué par la Symphonie n°9 de Chostakovitch. Au préalable nous eûmes droit à une mise en bouche avec le Scherzo Capriccioso de Dvorák, sans doute pas son œuvre la plus dense et inspirée, qui permit à l'orchestre de se chauffer gentiment, et à l'auditoire de commencer la soirée sur un ton plus léger que le concerto qui allait suivre. Car l'œuvre de , en quatre mouvements, est assez sombre et use largement de tempo très modérés dans ses mouvements extrêmes, à l'inverse du concerto classique. En forme d'arche, débutant et se finissant avec le même thème dont la ressemblance avec le génial motif de Tristan et Isolde saute aux oreilles, ce concerto ne se privera pas de passages très virtuoses sollicitant à fond ses solistes, parfois au delà des capacités sonores d'un violoncelle face à un grand Steinway et un orchestre symphonique, et ce malgré les efforts évidents de , alors que l'équilibre piano orchestre fut constamment sans défaut. Ecrite dans les règles de l'art hors de toute avant garde, l'œuvre, sans être envoûtante ou passionnante au premier abord, ne choque pas l'oreille du mélomane «classique», mais est malgré tout un peu prévisible et ne réserve pas beaucoup de surprises.

Sans doute pour permettre au public parisien de profiter un peu plus de , nous n'allions pas abandonner cette artiste à la mi-temps, et la retrouvions avec son comparse du concerto dans la Sonate de Franck, dont l'introduction par la pianiste argentine fut un modèle de touché et d'expression tant elle planta immédiatement le décor. Avouons que l'entrée du violoncelle rompit quelque peu le charme, peut-être étions nous d'emblée aux limites de ce que l'instrument permet par rapport au violon plus léger habituel. Cette limite fut sans doute atteinte ailleurs dans le déroulement de la sonate, comme certains passages plus virtuose où Maisky tenta de conserver le tempo très vif du violon, mais reconnaissons qu'en dehors de ça l'interprétation avait fière allure et fut globalement convaincante. Et d'ailleurs accueillie par des applaudissements chaleureux qui générèrent de nombreux rappels avant que l'orchestre put réinvestir les lieux. Ainsi pouvions avoir, l'espace d'un instant, l'impression que la symphonie de Chostakovitch était offerte en bis. Si elle n'égala pas l'exceptionnelle performance orchestrale de Jansons et ses bavarois ici même quelques semaines plus tôt, elle se défendait assez bien face cette concurrence, restant intéressante jusqu'au bout, l'orchestre suisse se montrant, sous la direction du chevronné et versatile précis, rigoureux, équilibré, faute d'être aussi savoureux et plein. Le chef mit dans sa poche la salle entière avec la Valse-Fantaisie de jouée en bis, qu'il dirigea et même mima avec malice et gourmandise, déclenchant sourires et rires de plaisir d'un public visiblement enchanté par cette fin de soirée légère et savoureuse.

Crédit photographique © Frederick Stucker

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