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Mahler par Zinman : un retour aux fondamentaux ?

L'intégrale symphonique de entreprise par et son reçoit son point final avec cette Dixième Symphonie largement complétée par d'autres mains en dehors du fameux et bouleversant premier mouvement Adagio.

Les précédents volets de ce cycle ont reçu des appréciations variées mais généralement tièdes en raison d'un engagement mahlérien plutôt édulcoré. Certes, le chef demeure un immense musicien ( par exemple son intégrale orchestrale de l'œuvre de Richard Strauss chez Arte Nova, 2003) et sa phalange suisse, fondée en 1868, dont il a la charge depuis une quinzaine d'années, ne démérite jamais techniquement. Non, le reproche essentiel réside bien dans une vision uniforme, dédramatisée, au phrasé flegmatique et relâché. La fièvre sous-jacente, pré-explosive, inhérente à la musique de , se trouve trop souvent débarrassée de son urgence expressionniste et rageuse. Ces caractéristiques conviennent parfaitement à l'Adagio initial tant de fois enregistré. Pour le reste, on le sait, le compositeur n'a laissé que peu d'esquisses avant que la mort ne l'emporte, touché par une pathologie aujourd'hui aisément curable par les antibiotiques. On se souvient de l'extraordinaire réalisation opérée par le musicologue anglais Deryck Cooke (1919-1976) et sa concrétisation en 1973 par l'Orchestre New Philharmonia sous la baguette inspirée de Wyn Morris. Ce disque vinyle Philips, inoubliable, notamment par sa géniale reconstitution du long Finale (22'), n'a jamais faibli dans notre mémoire. Plus tard, Simon Rattle (EMI, 1999) en a donné à son tour une excellente lecture avec le Berliner Philharmoniker. Ici, a opté pour une autre complétion, parmi plusieurs possibles : celle opérée par Clinton A. Carpenter (1921-2005), un américain passionné par cette recherche. Mû par d'évidentes bonnes intentions, Carpenter s'est autorisé davantage d'apports personnels sans parvenir pour autant à hisser sa synthèse à la puissante satisfaction vécue au contact de celle de Cook. L'intérêt musicologique, jamais remis en question, ne servira pas cette musique énigmatique, parcellaire, emplie d'hypothèses multiples que seule une authentique vision permet de paraître acceptable voire admirable. Dommage ! Il ne reste qu'à revenir aux fondamentaux. Et à en jouir sans modération.

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