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Présences Oscar Strasnoy, aux côtés de ses maîtres

Le deuxième week-end de Présences au Théâtre du Châtelet s'ouvrait par une soirée d'orchestre incluant l'intervention du Chœur de Radio France en toute fin de concert. L' était dirigé ce soir par dans un programme taillé sur mesure pour cette  spécialiste de l'écriture d'aujourd'hui ; y trônait aux côtés de ses maîtres vénérés : Berio d'abord dont nous entendions le très rare Chemin V pour guitare et ensemble instrumental; Bartók ensuite avec Le Mandarin merveilleux donné dans la version du ballet intégral.

Le concert débutait par la fin du cycle orchestral Sum conçu par Strasnoy sur le modèle des quatre mouvements d'une symphonie dont Sum est davantage la parodie critique. Après Incipit et Scherzo joués durant le premier weekend du festival, The End (Sum n°4), crée en 2007 et dédié à l'ex-directeur de Présences René Bosc, précédait la création mondiale de Y (Sum n°2) dont le titre même lui confère son aura de mystère. Dans The End, part d'un geste de ponctuation, en l'occurrence la scansion énergétique des derniers accords de la Symphonie n°8 de Beethoven qu'il « soumet à la question », en pliant le matériau à son désir de transformation, métamorphoses et diversion sans jamais renoncer au geste premier; une manière toute personnelle de pointer les conventions et de les détourner, qui déclenche inévitablement l'humour  même s'il n'est pas revendiqué directement par son auteur. La pièce s'achève en finesse, dans la texture presque dématérialisée d'un son de synthèse. Plus sensible que parodique, Y est le deuxième phonème de Why qui, traduit en allemand, devient le Warum? des Fantasiestücke de Schumann dont le début du motif pianistique circule en filigrane et confère à l'oeuvre son pouvoir d'évocation. On sent le compositeur tout à son plaisir de faire sonner un orchestre en demi teinte d'une étrange beauté.

Chemins V (1992)  pour guitare et ensemble orchestral de est le « work in progress » de la Sequenza XI écrite pour Eliot Fisk en 1988). C'est le guitariste Pablo Marquez – membre du Trio Ego Armand (Marquez/Said/Strasnoy) plusieurs fois sollicité au cours du Festival – qui l'interprétait au côté d'un « Philar » très investi incluant accordéon et saxophones. Remarquablement assumée, l'écriture virtuose de la guitare variant constamment ses modes de résonance (rasgueado, pizz, trémolo…) est ici répercutée par les sonorités d'orchestre dans un jeu inventif autant que réactif entre les deux partenaires. en règle très précisément les stratégies et confère à l'oeuvre ses couleurs et son ressort singuliers.

Elle abordait Le Mandarin merveilleux de Bartók avec une autorité du geste et une énergie qui servaient au mieux la violence sauvage de cette pantomime fantastique aux lignes acérées, aux harmonies acides et à la rythmique implacable. Si l'entrée du chœur est moins convaincante, l'éclat et les couleurs somptueuses d'une section de vents en très grande forme impressionnent jusque dans les dernières pages d'orchestre ponctuées par la mort du Mandarin.

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