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Les 10 ans du festival de la mer baltique

Le festival de la Mer baltique fête ses 10 ans. Lancé par les chefs d'orchestres , Esa-Pekka  Salonen et l'intendant , il met à l'honneur les artistes des rives de la Baltique. Cette édition 2012 se devait de mettre les petits plats dans les grands, mais sans concessions à la facilité et avec une ouverture vers les répertoires contemporains, marque de fabrique de ce festival majeur de la scène européenne.

L'ouverture revenait à pour une prestation espérée comme mythique du Tristan et Isolde de Wagner, revisité par et Bill Viola, production qui fit les beaux-jours de l'opéra de Paris sous le mandat regretté de Gérard Mortier.  Huit ans après la première de cette production (présentée à Los Angeles avant Paris et déjà sous la direction de Salonen), on s'interroge sur les vidéos horriblement datées de Bill Viola, sorte de sitcom fade et médiocrement filmé. Fort heureusement, le travail de Sellars reste scéniquement très pudique même s'il est anti-émotionnel (il faut attendre la fin de l'acte II pour voir Tristan toucher son Isolde). Cette abstraction fait même parfois un peu sourire à l'image de la « main qui tue » de Melot, à la fin de l'acte II. Musicalement le bonheur est inégal. Isolde de choc, la Lituanienne assure crânement toutes les difficultés du rôle.  Mais cette précision technique se fait au détriment de l'émotion, au fond cette Isolde de glace se fond à merveille dans le travail de Sellars. Le cas est autrement plus problématique car le poids des ans est intraitable pour ce chanteur qui fut l'un des meilleurs titulaires du rôle, il est même triste de voir un artiste de cette envergure lutter contre un rôle qui lui échappe techniquement. Icone du chant Finlandais, s'accroche avec plus de vaillance au rôle du roi Mark, dont il connait les moindres recoins, même si, pour lui aussi le poids des ans est douloureux. On n'en dira pas autant de Michele DeYoung, Brangäne au panache et assurée, même si un peu trop froide et détachée, tirée par son Isolde. Jukka Rasilainen est par contre complètement hors de propos. Cela fait des années que son délabrement vocal entache de nombreuses distributions : le timbre est ingrat et la justesse des plus aléatoires. A la tête d'un orchestre de la radio finlandaise peu au fait du répertoire lyrique et pris, quelques fois, à défaut de précision, Salonen défend un Wagner lent et même parfois très lent, même si envisagée sur la durée des trois actes. Logiquement le chef est plus attentif à la solidité de la construction et à la narration qu'au côté planant de cette musique.

Le  surlendemain, était au pupitre de ses forces du Mariinski pour assurer une performance d'un ballet de : le Petit cheval bossu.  Tiré d'un conte de la littérature russe, ce ballet a été composé, en 1956, à l'intention de son épouse . On tient une musique bigarrée, bondissante, colorée qui doit beaucoup à l'énergie d'un Khatchatourian et au sens de l'orchestre d'un Prokofiev, le tout est écrit avec un brio instrumental des plus enthousiasmants. Evidemment le tsar Gergiev est à son affaire dans cette partition de parade qui met en avant les pupitres réglés au millimètre et conquérants de  son orchestre. La chorégraphie d' donne dans le pétaradant et le narratif colorée. Le chorégraphe respecte la dimension magique de la partition mais règle,  avec une compétence professionnelle parfaite, les nombreuses scènes d'ensemble et les pas en solistes. La troupe du Mariinski est évidement à son affaire : ses individualités et sa cohésion d'ensemble sont un ravissement permanent pour le regard.  On espère un jour de Chedrine aura la part qu'il mérite dans les programmations des orchestres tant ses partitions procurent un bonheur auditif rare.

Au final, bilan très positif pour ces deux soirées festivalières, figures de proue d'une manifestation exemplaire et toujours en quête de curiosités et de nouveautés.

Crédits photographiques : Kira Perov et Arne Hyckenberg.

 

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