- ResMusica - https://www.resmusica.com -

A Montreux, Mozart côtoie Brahms sans enthousiasmer

Tout avait pourtant très bien commencé avec une Ouverture d'Euryanthe particulièrement enlevée, emmenant le dans une interprétation haute en couleurs. On y goûte principalement des cordes énergiques et chantantes.

Suivait une pièce de choix avec le Concerto pour violon et orchestre no. 5 de Mozart. L'orchestre réduit d'une bonne moitié pour l'occasion s'engage avec légèreté dans les premières mesures de l'Allegro aperto. L'autorité et la musicalité de sont à la fête. Il raconte bien Mozart même s'il semble plus à l'aise dans des musiques plus denses que celle de ce concerto. Extrêmement soignée, on se dit qu'avec une telle qualité orchestrale, il est impossible de mal jouer. Mais, dès la prise d'archet d', on sent que le soufflé ne prend pas. Si on peut savourer la clarté de la sonorité que la violoniste tire de son Stradivarius « Booth » de 1716, tout comme sa parfaite technique instrumentale, elle manque du souffle artistique qui aurait pu transcender son interprétation. Peu à peu, semble se désintéresser de cette prestation sans relief et se borne à offrir le meilleur des accompagnements possibles pour soutenir la soliste. A chaque instant, on espère un sursaut de fierté artistique de la part de la jeune violoniste allemande. Las, le Rondo final révélant un manque flagrant de puissance instrumentale relègue son interprétation à une suite de notes sans grande inspiration.

Cette mise en bouche laisse alors place à la Symphonie No. 2 de Brahms. Dirigeant ce monument symphonique sans partition David Zinman impressionne par la précision avec laquelle il tient son orchestre. De son côté, le démontre une belle cohésion d'ensemble. On aime surtout ses cordes empreintes d'une certaine sécheresse imposant rythme et rigueur aux autres pupitres. Si dans le premier mouvement David Zinman opère un intéressant découpage des plans sonores, sur la longueur, il ne parvient pas à capter l'attention de l'auditoire. Parfois très inspiré, il peine cependant à construire les piliers d'une interprétation enthousiasmante. Il faudra attendre le quatrième mouvement (Allegro con spirito) pour qu'enfin la routine d'une prestation honnête sorte quelque peu de ses gonds. Alors seulement, on entendra un éclatant et coloré.

Cependant satisfait, le public réserve une belle ovation au chef américain qui offrira en bis un beau moment de musique et de profonde nostalgie avec une très sensible et aérienne interprétation de l'avant dernière variation d'Enigma op. 36 d'Edward Elgar.

Crédit photographique : © Yunus Durukan

(Visited 139 times, 1 visits today)