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Street Scene au Châtelet, production clé en main

Composée pour Broadway en 1947 par un expatrié, au meilleur de son inspiration, Street Scene est un véritable petit chef-d'œuvre, une sorte de synthèse qui mêle jazz, blues, opéra et chansons populaires, show à l'américaine et style classique occidental.

On avait découvert ce petit bijou en 2010, à l'occasion d'une représentation de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris, et on brûlait, depuis, de le revoir. Hélas, le théâtre du Châtelet n'a pas donné sa chance à cette œuvre magnifique, en invitant une production « clé en main », probablement économique et facile à monter.

Le décor unique représente une carcasse de bâtiment, ce qui est logique puisque le livret raconte une tranche de vie dans la cour d'un immeuble à loyer modéré, où les habitants forment une sorte de communauté de la misère. Ce qui l'est moins, c'est d'avoir disposé l'orchestre sur ses deux étages, avec le chef dos à la scène. Comment obtenir une unité de son dans ces conditions ? Deux escaliers métalliques de chaque côté sont censés favoriser les déplacements des protagonistes, mais en réalité ils occupent une bonne partie de l'espace disponible et gênent la mobilité de l'action. A ce titre, la scène de l'infirmier, qui laisse son brancard en bas, monte les escaliers puis les redescend en tenant la main d'Anna Maurrant, mourante et couverte de sang, mais bien stable sur ses deux pieds, est un monument d'incongruité !

De toutes façons, cela n'est pas bien grave, car la mise en scène n'a pas prévu beaucoup de mouvements de foule. Dans une œuvre conçue, rappelons le, pour Broadway, avec des passages musicaux qui claquent, il semble que personne ne soit à même de danser, ni même de se déplacer sur des mouvements chorégraphiés. et se tirent avec les honneurs du très attendu jitterbug « Moon-Faced, Starry-Eyed » mais il est très cruel d'avoir placé dans le programme de salle des photos des danseurs de la création en pleine action.

Au plan vocal, la médiocrité domine. On retiendra néanmoins la jolie Rose Maurrant de , qui domine de loin le plateau. Paul Curievici en Sam Kaplan fait montre d'un joli timbre, mais chante tout en force, et d'une seule nuance mezzo-forte. En Anna Maurrant, Sarah Redgwick sait parfois être touchante. Franck Maurrant est un rôle hors de portée pour Geof Dolton.

Les enfants de la chantent fort bien, mais n'ont pas eu le temps d'apprendre à se synchroniser dans leur chorégraphie. La meilleure satisfaction provient du bel , sous la direction de .

Ce soir, les applaudissements étaient pour la musique de , pas pour son exécution…

Crédit photographique : James McOran-Campbell (Mr Easter) – (Rose Maurrant) © Young Vic Theatre

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