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3e Symphonie de Mahler de Neumeier : un peu de métaphysique

Septième ballet de entré au répertoire du Ballet de l'Opéra, en 2009, la Troisième Symphonie de est une des rares pièces de danse qui ait été montée sur l'entièreté d'une œuvre orchestrale aussi magistrale.

est le compositeur de prédilection du chorégraphe prolixe, de son propre aveu. Se rendre au cérémonial de cette reprise d'un moment un rien processionnaire, on est surpris de l'évolution de chacun des danseurs, dont nombre ont été étoilés depuis 2009.

En premier lieu, il convient de saluer la performance troublante de , qui revient sur un ballet en entier après plusieurs mois d'absence sur les planches. Il est surprenant d'admirer que cet artiste, d'habitude si lumineux et irradiant de facilité technique, ait pu dévoiler (enfin) une vision d'obscurité et de profondeur, un mélange incisif d'éclaboussure sensuelle et de pureté iridescente. Parvenir à une si jolie symbiose dans un rôle principal (sans être pour autant le plus important) ne peut que laisser présager d'une évolution, dans les années à venir, des plus heureuses. On saisit donc bien l'intérêt de faire accéder des danseurs à l'Etoilat aussi jeune.

En effet, Mlle Abbagnato, titulaire du titre suprême depuis la soirée Roland Petit, et qui revient également sur scène après plusieurs mois hors des ors de Garnier, et qui a de tous temps été une danseuse prometteuse, ne développe pas tout ce qu'il est permis d'attendre de la belle italienne, alors que le naturel était à l'égal de sa présence il y a peu. Espérons le retour d'une suprématie qui n'a pas été révélée dans ce ballet.

En revanche, , dont il semblerait que le destin pensait à elle pour incarner ce ballet, est confondante de lyrisme et d'esprit : le tableau de l'Ange est issu d'un paradis céleste et évanescent qui emporte le spectateur dans une conjonction bien heureuse de joie et de légèreté, quand le tableau Ce que me conte l'amour présente un sursaut de vitalité et de grandeur. Elle nous offre donc le meilleur de son art, et il faut aller invoquer son talent pour avoir l'impression de saisir ce côté si spirituel que Neumeier donne à nombre de ses ballets abstraits.

Enfin, du côté masculin, domine la scène comme à son habitude ; c'est simple et efficace. Le marmoréen est décidément de ceux qui excellent avec intensité et virilité dans les choses bien sérieuses.
Mlles Hecquet et Froustey attirent le regard dans le tableau de l'Automne : en toute logique, ce sont elles qui devraient faire les beaux soirs des prochaines saisons.

Un orchestre plutôt en règle (quoique les cuivres…), parfois nimbé dans la contemplation de tempi alanguis, accompagne sincèrement un corps de ballet dont on est habitué à observer l'amélioration lors de l'avancée des séries de spectacle : gageons qu'il en sera de même pour cette soirée !

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