- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Verbier 2013 : récitals et musique de chambre

Aux côtés des concerts symphoniques de l'orchestre du festival et de l'orchestre de chambre, le festival de Verbier offre un nombre conséquent de récitals et de concerts de musique de chambre. On peut donc voir, à l'Eglise de Verbier et à la salle des Combins, des prestations de grands solistes (comme Evgueni Kissin), mais aussi des « rencontres inédites », florilège de cocktails instrumentaux parfois surprenants.

Légende vivante du piano, le grand (Lifetime achievement ICMA 2011) offrait un plantureux récital. Le public  reste admiratif devant la curiosité et la vitalité de ce grand homme. C'est évidement dans Schubert, introduit par les pas hésitants de l'Impromptu-al-ongherese de , que l'art de Pressler nous touche le plus. Le musicien parvient à suggérer un vécu intense à la moindre note et aux contrastes incurvés dans une trame narrative d'une émotion simple et profonde. On retrouvait cette simplicité émotive dans des Estampes de Debussy, plus saynètes dramatiques que moments coloristes. Au regard de la haute musicalité de ce concert, on oubliera une sonate de Beethoven trop inaboutie digitalement.

A 35 ans, la violoniste hollandaise est désormais une artiste confirmée à l'intelligence artistique affirmée. Elle proposait, secondée par , un récital Bartók-Szymanowski, Dubugnon et Ravel. Dans ces œuvres, presque contemporaines, elle faisait ressortir les recherches sur les timbres. Aidée par un son à la plastique renversante et par une technique affutée, elle impose une évidence stylistique dans ce parcours à la fois satisfaisant sur le fond et sur la forme. est, comme à son habitude, absolument parfait  et au service de sa partenaire.

Les alliances entre les solistes ne sont pas toujours des plus heureuses, ainsi la soirée  Dvořák/Tchaïkovski nous aura fait évoluer dans deux univers très différents.  Servi par une équipe de prestige le Quintette pour piano et cordes en la majeur de Dvořák, prend un bon bol d'air frais des montagnes et témoigne d'une vivacité et d'une énergie que l'on connait à peu d'interprétations (, les frères Capuçon, , ). Toute la sève de Dvořák transparait sous les archets et les doigts de ces musiciens enjoués comme rarement. Changement de registre avec un Trio de Tchaïkovski, porté par une équipe trop bigarrée : le solide au piano, le soliste extraverti et Misha Maisky, l'homme au vibrato encombrant. La sauce ne prend jamais entre ces trois hommes aux vues et aux styles trop différents pour faire de la musique de chambre.

Figure de proue du piano mondialisé et pianiste de la génération Facebook, accompagnait pour les trois Sonates de Brahms. La musicalité pure de Kavakos peine à trouver en , une accompagnatrice à sa mesure. La jeune musicienne est trop intériorisée et sur la défensive pour créer un dialogue. Même si le climat est plus satisfaisant dans les Sonates n°2 et n°3 que dans une Sonate n°1 trop étriquée, on ressort sur notre faim de ce binôme étrange.

Crédits photographiques : Aline Paley

(Visited 444 times, 1 visits today)