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Viva Verdi pour l’ouverture du National à Paris

nous le confirme : il n'est jamais meilleur que dans Verdi. Et il nous propose enfin, après « les grands choeurs que vous aimez » et le sempiternel Requiem, une série d'oeuvres rares du Maître de Bussetto. Une salle comble a répondu à l'invitation, oubliant les deux noms contemporains (enfin, du XXe siècle) aussi à l'affiche, et . Il est vrai que ce fut le concert d'ouverture de la saison, que Verdi attire toujours et que le ténor-star du moment, , était de la partie.

Ouverture en fanfare avec la Sinfonia de Aida. Non pas la courte ouverture d'usage, mais une véritable pièce symphonique, celle d'origine, jouée lors de la création à l'Opéra du Caire, et dont Verdi était insatisfait. De facture très traditionnelle, elle est un pot-pourri des airs de l'opéra. L'écriture en est très démonstrative, clinquante, parfois tapageuse – et Gatti n'est pas connu pour en ce cas retenir ses troupes. Une heureuse découverte musicale, qui permet à un orchestre de démontrer sa virtuosité. On ne peut que s'étonner de la rareté de sa programmation. Les Huit romances qui suivent sont une compilation de canzone da camera de jeunesse choisies et orchestrées par . A l'exception de quelques courts interludes, de curieuses citations toutes aussi courtes (l'Ave Maria de Schubert par exemple) et de frottements harmoniques inhabituels pour une oeuvre du XIXe dans l'accompagnement, la part du compositeur du XXe siècle reste très discrète. L'orchestration reste dans l'esprit du bel canto romantique – la partie piano d'origine n'est pas passionnante non plus – avec une part plus importante des instruments à vent. C'est agréable à écouter mais il n'y a pas de quoi hurler au génie non plus. Prévues pour José Carreras en 1990 – donc après ses heures de gloire – ces Huit romances sont dans une tessiture assez grave pour un ténor, et Joseph Calleja (lire notre entretien) accuse le coup non sans professionnalisme. Fin de première partie en guise d'hommage à avec les Mystères de l'instant pour cordes, cymbalum et percussions. Oeuvre poignante, faite de neuf instantanés, rendue ici magnifiquement par un au meilleur de sa forme.

La seconde partie s'ouvrait avec l'Ave Maria extrait d'Otello. Curieux choix, déjà opté pour l'ouverture du Requiem en juin dernier, alors qu'il existe un Ave Maria indépendant (composé en 1879) pour le même effectif (soprano et cordes). ne trouve pas la retenue nécessaire pour cette page intimiste qui, sortie de son contexte, a du mal à exister. Le Libera me qui suit est, à l'instar de la Sinfonia introductive, une oeuvre oubliée (composée pour la Messa per Rossini) au profit de sa version « définitive » qui ferme le Requiem. Peut de changements en revanche entre les versions première et définitive, si ce n'est quelques détails d'orchestration. Dans cette page dramatique, trouve plus facilement ses repères et le Choeur de Radio France propose une exécution honnête, sans plus. Ce même choeur accuse ses limites dans les mouvements a cappella des Quattro pezzi sacri, en partie en raison d'une disposition curieuse (les pupitres en ligne plutôt qu'en groupe) qui nuit à l'homogénéité. Le Stabat Mater et le Te Deum en revanche sont des réussites, grâce essentiellement à l'engagement de qui démontre magistralement ce soir que ces dernières oeuvres de Verdi méritent mieux que l'oubli dans lequel elles sont tombées.

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