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Le Mage de Massenet, enfin, par Le Palazzetto Bru Zane

Ce fut l'événement-clé de l‘année Massenet 2012 : la récréation du Mage au festival de Saint-Étienne, opéra dont la dernière représentation remontait à 1896 !

Quelques rares chanteurs avait inclut des extraits dans des récitals (dont Rolando Villazon), mais aucune intégrale permettait jusqu'ici de se faire une idée de l'œuvre. La faute est désormais réparée : les deux concerts ont été enregistrés et un livre-disque vient de paraître dans la collection « opéra français » du .

ResMusica avait assisté au premier concert en novembre dernier disant, à juste titre, tout le bien possible de cet opéra injustement oublié.

Ne revenons donc pas sur la partition et parlons directement de la représentation comme elle se présente sur ces deux disques. Car là, hélas, notre avis est plus partagé. La faute en revient à l'interprète de l'écrasant rôle-titre, . Annoncé très souffrant le soir de la première, le texte de présentation n'en dit mot –, il avait accepté de se produire pour ne pas compromettre le projet. Etait-il rétabli lors du second concert, deux jours plus tard ? Nous en doutons. Plus encore : Aurait-il les moyens du rôle, même en pleine forme ? Là aussi, un doute est permis. Quoiqu'il en soit, l'enregistrement nous présente un ténor constamment sur le fil du rasoir, au médium manquant de chaleur et à l'aigu poussif. Pire encore : il manque complètement de charisme, qualité pourtant essentielle pour ce rôle de prophète !

Quant aux deux emplois féminins, non moins écrasants, la distribution surprend. , soprano à la voix corsée et ample, se bâtissant actuellement une réputation dans le répertoire wagnérien, incarne Anahita, rôle conçu à l'origine pour Sibyl Sanderson, créatrice d'Esclarmonde et de Thaïs. Allégeant constamment sa voix, osant de superbes demi-teintes même dans le haut du registre, elle triomphe d'une tessiture meurtrière, accusant juste quelques petites duretés dans l'aigu. Varedha, la méchante, est interprétée par la mezzo . Confrontée, elle aussi, à une tessiture éprouvante – la créatrice était soprano –, elle se jette corps et âme dans le rôle, avec un savoir-faire technique et un panache qui forcent le respect. enfin, campe un superbe grand-prêtre Amrou, alliant vaillance et souplesse.

Au pupitre du Chœur Lyrique et de l', tous deux excellents, nous offre une lecture plein de passion et de beauté. Tour à tour énergique et lyrique, attentif aux couleurs de l'orchestration,  il veille à ne jamais couvrir les chanteurs. Si arrive au bout de la partition, c'est aussi grâce au chef !

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