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Superbe War Requiem par Jansons pour le centenaire de Benjamin Britten

Si 2013 est l'année du bicentenaire de Verdi et Wagner, c'est aussi une année jalon pour dont on célèbre le centième anniversaire de la naissance.

C'est dans ce cadre que avait programmé d'abord à Munich puis à Lucerne quelques jours plus tard, ce War Requiem dont BR Klassik nous restitue dans un boitier de deux CD l'enregistrement des exécutions munichoises des 13 et 15 mars 2013.

Autant le dire tout de suite, on aurait terriblement aimé assister à un de ces concerts tant l'image qui en a été captée ici semble traversée par un souffle irrésistible, atteignant par moment des sommets d'intensité et de puissance réellement terrifiants, parfaitement dans le ton de cette musique, se rapprochant dans la réussite, bien qu'avec d'autres moyens musicaux, de la version de référence signée par lui-même. Car va diriger cette longue œuvre avec plus de nuances et un sens de la progression plus marqué favorisant la grande ligne alors que Britten, usant d'un tempo en général plus rapide et rythmé, saisissait d'emblée l'auditeur. Avec le chef letton le tempo s'installe plus progressivement à mesure que la musique évolue, et s'il part en général plus lentement il ne manque jamais d'énergie lorsque sont atteints les moments paroxystiques de ce Requiem. Ainsi nous fait-il passer plus progressivement d'un climat à l'autre mais pas moins fermement. Et cela confère à ces près d'une heure trente de musique une remarquable unité alors même que l'œuvre est basée sur l'alternance de poèmes de Wilfrid Owen chantés en anglais avec la liturgie classique chantée en latin.

Et justement parlons des chanteurs, tous trois excellents ici, avec, en particulier le baryton allemand car il a sans doute la partie la plus conséquente des trois. Il est ici absolument remarquable, sa voix idéalement placée avec un timbre jusque ce qu'il faut de sombre, lui permettant de défendre son texte avec ferveur, dont un poignant dernier lied. , ténor londonien sans doute rompu à cette musique, le rejoint aisément au plus haut niveau, mettant une intensité vibrante dans ses poèmes. De son côté la soprano américaine a la charge de la partie classique de ce Requiem, ce qu'elle fait fort bien, peut-être le fait-elle un peu plus « classiquement » justement, donc avec moins de caractère expressif, mais sa performance reste de haut niveau vocal.

Que dire du « reste » des forces en présence, c'est à dire les chœurs et les orchestres, puisqu'une partie des instrumentistes est regroupée en orchestre de chambre à côté du grand orchestre classique, sinon qu'ils atteignent un niveau superlatif qui laisse pantois, que ce soit du plus ténu pianissimo jusqu'au plus puissant fortissimo expressif et sans distorsion. Tout fonctionne formidablement. Là encore on aurait aimé entendre cette performance en salle, mais la remarquable qualité d'enregistrement permet d'en profiter largement. Une écoute aveugle suffirait à comprendre qu'il y a forcément un sacré grand chef à la tête ces nombreuses troupes pour réussir une telle performance. On ne sera donc pas étonné d'y trouver , sans doute le meilleur des chefs en activité lorsqu'il s'agit de faire sonner comme un seul homme une si grande masse orchestrale.

Justement parce que différente et donc apportant un éclairage complémentaire, mais toute aussi réussie que la version princeps de chez Decca, cette nouvelle version vient rejoindre, en cette année du centenaire, son illustre aînée d'un demi siècle, puisqu'enregistrée en 1963, au sommet d'une discographie peu fournie mais assez qualitative dans l'ensemble.

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