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Rendez-vous manqué avec Maurizio Pollini à Pleyel

Après sa dernière série de concerts, très applaudis en février 2012 et en janvier 2013 et  et dans l'attente de ses nouvelles « Perspectives » programmées pour le mois de mars, le grand pianiste italien nous conviait à un concert intime, articulé autour de deux maîtres du piano, Chopin et Debussy. Un choix logique, puisque d'une part Chopin est la pierre angulaire du répertoire du pianiste, (voir ses enregistrements du compositeur regroupés en un gros coffret chez DG) et parce que d'autre part les Préludes de Debussy ont été conçus, malgré un écart stylistique des plus conséquent, dans le souvenir de ceux de son devancier.
Tout se tient donc, et laisse présager un concert d'exception.

Pollini commençait avec le Prélude op. 45, une sorte d'ovni de peu de rapport avec le reste du recueil. Fondée sur la juxtaposition d'harmonies chatoyantes la pièce formait une introduction raffinée mais un peu sage à notre goût.

La célèbre Ballade qui suivait nous promettait tout autre chose. À la douce chanson introductive, très justement interprétée avec retenue et dans une nuance très douce mais parfaitement maîtrisée, répond en effet un second thème tumultueux, féroce, que Pollini rendait de façon fort terne, gênée, notamment dans les passages digitaux (redoutables au demeurant) qui requéraient de sa part un effort visible.

La Sonate ensuite, de même que les Préludes de Debussy après la pause, accusaient les mêmes qualités – et les mêmes travers, avec une propension supplémentaire à jouer des sforzandi intempestifs.

Saturés de lourds parfums, de paysages enneigés, mais privés de notre chair-de-poule minérale, nous quittions la salle Pleyel avec un sentiment fort mitigé, méditant ce que nous avait soufflé notre voisin : « Il n'y a pas d'éclat. Mais c'est Pollini, comme l'a célébré DG dans un beau coffret « The Art of Maurizio Pollini », quand même. »

Crédit photographique : © Hervé Martin

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