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À Pleyel, concert en demi-teintes avec Bertrand de Billy

C'est la Symphonie en la majeur qui ouvrait ce concert, une œuvre remarquable d'un point de vue formel et composée en 1850 par un Saint-Saëns tout juste âgé de 15 ans. Évidemment, l'héritage des classiques se veut palpable et c'est là le cœur du problème : l'a dirigée comme un Mozart ou un Beethoven, c'est-à-dire avec une battue rigoureuse et immuable ne tenant pas toujours compte des élans romantiques qui parcourent l'œuvre. Ainsi, sans avoir là le souffle d'une symphonie de Brahms, on regrette un peu ces phrasés qui, à force de clarté, perdent en ampleur et en générosité. D'autre part, on était en droit d'espérer des couleurs nettement plus variées et raffinées quand on connaît l'instrumentation particulièrement soignée de Saint-Saëns. Bref, avec cette étiquette « d'héritage classique », comme si rien ne devait déborder, semble un peu l'étroit ; dommage, car les différents pupitres de l'orchestre offraient à entendre une belle homogénéité.

Venait ensuite la monumentale Messe en mi bémol majeur de Schubert : malheureusement, on a  passé près d'une heure à constater l'acoustique peu adaptée à la voix de Pleyel. Le chœur -souvent couvert par l'orchestre- a offert pourtant une prestation remarquable et on a été  frappé par l'extraordinaire précision de l'ensemble, tant au niveau de la justesse que de l'articulation et des respirations. L'occasion donc d'applaudir le formidable travail effectué par et de rappeler que le Chœur de l' est constitué exclusivement d'amateurs…

Les solistes, en revanche, nous ont laissé une impression un peu plus mitigée : si la soprano passe aisément au-dessus de l'orchestre -qui, de façon étonnante, ne semble pas avoir d'autres palettes que le fortissimo et le pianissimo- ce n'est pas le cas des autres chanteurs qui auraient été bien plus à leur aise à l'avant de la scène. De façon générale, c'est le vibrato excessif qui nous a semblé le plus regrettable, la ligne mélodique perdant considérablement en clarté et en majesté. Quelques beaux moments, comme le Beneditus et l'Agnus Dei final, parvinrent à capter notre attention, mais en vérité, ce fut trop peu pour masquer notre sentiment latent de déception.

Crédit photographique :  © Marco Borggreve

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