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Laurence Equilbey et Accentus dans le Requiem de Mozart

La saison dernière, s'était illustrée dans la Passion selon St Jean de Bach pour l'ouverture du 1er festival de Pâques. Mercredi soir, nous l'avons de nouveau retrouvée au Grand Théâtre de Provence avec des œuvres « sacrées », un diptyque de musique du 18e siècle, à la tête de ses deux phalanges, et le chœur . Cette magnifique soirée consacra un chef en osmose totale avec ses musiciens.

Le Miserere de Zelenka constitue une entrée en matière riche en contrastes. Né en Bohême, formé à Prague puis en Italie, ce compositeur tchèque a développé un style original dont l'inventivité et l'expressivité n'ont pas manqué d'influencer ses contemporains. Les gestes d'Equilbey ponctuent avec précision l'intensité mélodique, amplifiée par des cordes lancinantes et une pulsation obsessionnelle. La beauté plastique des voix ne tarde pas à briller de tous ses feux. Avec homogénéité, elles s'élèvent, diaphanes, dans un raffinement classique. Une émotion vive nous touche dans un final saisissant de maîtrise.

Si la sobriété était au premier plan pour cette première œuvre, elle le sera également dans le Requiem du génie de Salzbourg. Ce monument du répertoire est envisagé sans emphase, au plus près du texte et du véritable esprit Mozartien, loin des conceptions « romantiques » régulièrement entendues d'un continent à un autre. Grave mais jamais pesant, cette immédiateté « baroque » du son n'omet pas un florilège de nuances expressives. Comme transcendée, opte pour des tempi francs et façonne une architecture telle qu'elle nous restitue avec ferveur et humilité le caractère hautement spirituel de ces pages. Celles- ci portent la couleur du deuil mais au final, leur portée rédemptrice apporte quiétude et consolation à l'âme. Les premières mesures résonnent un peu timidement côté orchestre pour rapidement dévoiler des couleurs âpres, à la limite de l'austérité, dominées par des violons plaintifs. Après un très articulé Kyrie, Rex Tremendae, nerveux et dénué de passion, frappe par la pureté des tessitures. La véhémence de Dies Irae fait croitre l'intensité de jeu de part et d'autre. Les quatre solistes, tous fins Mozartiens, séduisent à tour de rôle par leur intervention vibrante. Justesse d'intonation de Kim et de Mingardo, profondeur des timbres pour et . Dans le percutant Confutatis, c'est le spectre du jugement dernier qui s'incarne. La prière adressée par le chœur, éthéré, résonne ici avec une douceur inhabituelle. Puis, le Lacrimosa d'une douleur bouleversante, nous laissera des sanglots dans la gorge. Les derniers morceaux seront tout aussi convaincants- dont les strates polyphoniques de l'Offertorium magnifiées – malgré une reprise finale du Lux Aeterna sans grandiloquence. Rappelons toutefois que l'acoustique sèche de la salle limite la projection sonore. Plongé dans un recueillement total après la dernière note, le public ovationnera longuement les musiciens qui ont véritablement marqué les lieux de leur empreinte.

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