- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Khatchatourian, le coffret anniversaire

Avec les décalages éditoriaux et les grosses transformations dans le domaine de la distribution discographique, c'est seulement maintenant que nous recevons ce coffret russe en hommage au compositeur arménien  dont on célébra, en 2013, les 110 ans de la naissance.

De Khatchatourian, le public et les programmateurs retiennent les extraits des ballets Spartacus et Gayaneh et de temps à autre le Concerto pour violon. Le reste de l'œuvre du compositeur est complètement méconnu. C'est donc le grand intérêt de ce coffret de proposer une belle sélection de partitions qui donnent une image pertinente du compositeur, à travers ses tubes, à travers son énorme Symphonie n° 2 ou même à travers ses pièces plus soviétiquement officielles composées pour les grands congrès de l'URSS.

De ce plantureux parcours, on retient un maître de la petite forme capable de dresser en quelques minutes des portraits symphoniques virtuoses en utilisant un sens de l'orchestration coloré et virtuose. A ce titre, les extraits des grands ballets et de la musique de scène de Mascarade d'après Lermontov restent de grands moments de spectacle orchestral. Dans la Fantaisie sur des thèmes russes, le compositeur fait virevolter les pupitres dans une transe orchestrale endiablée. On retrouve ce sens des images et du drame dans la suite tirée du film Stalingrad ou la musique porte la tragédie de l'Histoire. Les concertos-rapsodies pour violon et violoncelle, magnifiés par les archers de et .

Tiraillé entre son art et les besoins culturels de la tyrannie soviétique, Khatchatourian fut également un compositeur officiel dont les créations servaient à valoriser la gloire des idéaux communistes. L'énorme Symphonie n° 2, composée en 1943, illustre cette facette. En dépit de belles trouvailles orchestrales et de beaux climax noirs et déchirés, la pièce se perd dans des raideurs et un ton unilatéralement démonstratif. Il en va de même pour le florilège de pièces occasionnelles, comme le Poème triomphal ou l'Ouverture festive, destinées aux grands raouts des Pharaons rouges.

L'autre grand intérêt de ce coffret est de documenter l'art instrumental des musiciens moscovites, presque exclusivement aux commandes des disques. Cet art orchestral très acide et saillant renforce les grandeurs et les faiblesses de ces musiques. On se réjouit aussi d'y retrouver des légendes de la baguette comme ou encore .

Ce coffret n'est certainement pas un essentiel des discographies, pourtant il saura séduire ceux qui s'intéressent aux musiques du XXe siècle dans leurs diversités tant ce coffret livre un portait parfait du musicien.

(Visited 874 times, 1 visits today)