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Le Festival Beethoven de Varsovie

Pour cette nouvelle édition, la fondatrice Elżbieta Penderecka, place le festival sous le thème de Beethoven et l'idéal de liberté avec en toile de fond l'anniversaire de la composition du Fidelio. Pendant presque 15 jours, des concerts sont donnés quotidiennement à la Philharmonie nationale de Varsovie ou au château royal avec des opéras, des concerts symphoniques et des récitals de musique de chambre ; par ailleurs, cette édition 2014 hébergeait le gala annuel des International Classical Music Awards.

Du côté des orchestres invités, le festival avait mis les petits plats dans les grands en accueillant le de Londres et le Rotterdam Philharmonic.   Récipiendaire d'un prix pour l'ensemble de sa carrière, le chef d'orchestre suisse était à la tête de ses musiciens londoniens pour un concert de prestige. Après une belle ouverture des Créatures de Prométhée de Beethoven, à la fois élégante et racée, le chef accompagnait la violoniste dans le Concerto n°2 de Serge Prokofiev. La violoniste en proposa une lecture classique, un peu trop peut-être,   en particulier dans les deux premiers mouvements. Le dernier mouvement, emporté au panache, s'avéra le plus convaincant. En seconde partie, offrait au public un morceau de parade : la Symphonie n°3 de Camille Saint-Saëns  dont il grava pour Decca l'une des versions de référence à la tête de l'orchestre de Montréal. Le Royal Philharmonic de Londres sonne avec éclat et panache dans l'acoustique  généreuse de la Philharmonie nationale. Le dernier mouvement, emporte tout sur son passage et soulève l'adhésion du public qui salue les musiciens par une ovation. Il se voit récompensé par deux « bis » : la Valse triste de Sibelius et « Nimrod » extrait des Variations Enigma d'Elgar.

Dans le cadre d'une grande tournée européenne, l' et de son chef faisaient leurs débuts à Varsovie.  En première partie,  l'orchestre accompagnait la violoniste   dans le Concerto pour violon de Beethoven.  On était  gré à la violoniste de chercher à casser la routine en offrant la rare et très expressive cadence d' et en faisant briller de moindres détails de l'écriture. La qualité du son est comme toujours exceptionnelle, mais on regrette tout de même une recherche  intellectuelle qui nuit à la beauté naturelle du Concerto. Très émue d'effectuer également ses début en Pologne, la soliste prit le micro pour faire partager son ressenti et rappeler les liens de sa famille avec la Pologne. Elle proposa un bis original : une chanson traditionnelle géorgienne orchestrée. Yannick Nézet-Seguin affrontait ensuite la Symphonie n°6 de Tchaïkovski dont il a donné une belle lecture au disque (DGG). Très énergique, sa direction doit s'accommoder de l'acoustique de la salle qui accentue les dynamiques faisant perdre le fil à l'auditeur de la conception du chef. On sait à quel point les tournées sont des exercices redoutables pour les orchestres face à des salles souvent aussi  inconnues que variées.  Mais, l'enthousiasme du chef souleva l'adhésion  du public. Yannick Nézet-Seguin  et ses musiciens se lancèrent dans le « Prélude » de la Khovantchina de Moussorgski l'on retint le superbe solo de flûte de , principale flûte de l'orchestre.

Chaque édition du festival  affiche des opéras en versions de concert. L'un de ces spectacles est le fruit d'un partenariat avec le département de chant de l'Université de Yale. Pour cette édition 2014, le choix s'est porté sur Iphigénie en Tauride de Gluck.   La direction était confiée au jeune chef d'orchestre polonais  , directeur musical de l'Orchestre de la radio nationale. Peu présent dans les pays francophones, ce musicien est pourtant l'auteur d'une belle discographie, dont les Symphonies d' pour le label allemand CPO.  A la tête de son orchestre, il prend la partition à bras le corps imposant un style énergique qui met en valeur la portée révolutionnaire de l'écriture du compositeur. Les chanteurs sont excellents dans leur engagement et dans leur respect du style : David  Pershall (Oreste), (Pylades), (Thoas) (Diane)  et surtout l'exceptionnelle (Iphigénie). Les rôles de comparses sont très bien tenus par Laura Holm, Benoît Deney et Guillaume Durand. Le chœur de la radio polonaise, préparé par Izabela Polakowska, est idéal d'homogénéité et de projection.  Il faut saluer, pour toute cette équipe, un grand soin apporté à la diction et à la prononciation, même si l'acoustique très généreuse de la Philharmonie nationale n'est pas  leur alliée.

Crédits photographiques : Bruno Fidrych/DR

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