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Dennis Russell Davies offre les grandes largeurs à Philip Glass

Familier de 30 ans du compositeur américain, remet sur le métier les Symphonies 1 et 4 composées par sur des thèmes de et en leur offrant l'ampleur symphonique du en grande forme, orchestre dont il est le directeur musical depuis 2009.

Si Glass était décédé à l'âge de Beethoven (56 ans!), il n'aurait composé aucune symphonie. A 77 ans, il en a 10 à son actif ! C'est , qui, bien décidé à ne pas «  laisser Glass être un de ces compositeurs d'opéras qui n'a jamais écrit une symphonie », commanda en 1992 pour le Brooklyn Philharmonic Orchestra une symphonie (genre musical hautement révélateur) à celui qui était considéré et se considérait lui-même comme un homme d'images (ses opéras, son génial Koyaanisqatsi, ses B.O….)

Glass fut-il intimidé par cette invitation à la musique pure, qu'il choisit de faire ses gammes symphoniques sur des thèmes issus de l'album éponyme de  ? Ou, tout simplement agit-il comme Brahms et consorts, qui n'hésitèrent pas à composer sur des thèmes pré-existants ? L'appellation d'aujourd'hui Symphony No1 « Low » dit assez que le compositeur ne savait pas ce qui l'attendait en 1992 quand il composa sa Low Symphony. S'ensuivit une foisonnante nouvelle période où il n'eut de cesse de faire les preuves instrumentales que Wagner soi-même aura dédaignées.

La Low Symphony devait constituer une manière de trilogie Bowie (on connaît l'affection de Glass pour ce concept : sa trilogie Einstein/Satyagraha/Akhnaten, sa trilogie Cocteau, sa Qatsitrilogy). Suivra une Heroes Symphony en 1996 mais pas trace, à ce jour, de la Lodger Symphony alors envisagée…

Rebaptisée aujourd'hui Symphony No 4 « Heroes », la Heroes Symphony ne fera que fugacement appel dans ses 6 brefs mouvements aux thèmes de Bowie, ce qui n'est pas le cas des 3 mouvements très développés de la Low Symphony. Regrettons que le livret passionnant et passionné dû à n'apporte aucune explication sur les titres de ces derniers, réduits à l'état d'énigmes.

Bien que magnifiquement enregistrées à l'époque sur le label que Philips avait un temps confié à Glass, on comprend que Russell Davies, spécialiste aussi avisé de Honegger que de son ami américain, ait envie de faire sonner ces œuvres à la manière des classiques qu'elles sont en train de devenir, balayant ainsi les quelques doutes qualitatifs que l'on avait pu avoir il y a plus de 20 ans.
A la création discographique d'alors, faite de savants et métronomiques bidouillages de studio, succède aujourd'hui la respiration somptueuse toute d'un souffle d'une vraie salle de concert ( le Casino de Bâle). Les musiciens bâlois, sous la geste ample et inspirée de leur nouveau chef, offrent à ces 2 symphonies un état de grâce sonore, une lisibilité, une dynamique, une opulence qui tend à les aligner à l'évidence sur la célébrité de leurs
classiques consoeurs. Les tempi sont plus lents (le 3ème mouvement de  Low va jusqu'à afficher 4 minutes de plus ! Heroes s'allonge de 6 minutes bien que son minutage affiche nostalgiquement celui de 96).

La démarche est admirable, convaincante mais a son revers : certains détails disparaissent à la prise de son, tels les graves de la harpe qui fascinaient tant en 1996, à la fin de Sons of the Silent Age. C'est une réserve qui pourra faire hésiter les familiers d'un compositeur qui leur a tant appris à être sensible aux détails.

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